NileSat a cessé de diffuser la chaîne tv Al Manar
** échos des médias — d’ici et là — 6 –
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*NileSat a cessé de diffuser la chaîne tv Al Manar
L’opérateur satellite égyptien NileSat, un des principaux du monde arabe, a coupé mercredi 6 avril 2016, la diffusion de la chaîne de télévision du mouvement libanais Hezbollah sur fond de tensions croissantes entre l’Iran, soutien du Hezbollah, et l’Arabie saoudite.
La chaîne Al-Manar n’était pas visible sur le bouquet de NileSat, a constaté l’AFP mercredi. NileSat a informé le ministère libanais de la Télécommunication de la nécessité de cesser la transmission de la chaîne Al-Manar via le satellite NileSat, a indiqué l’agence nationale d’information libanaise.
Al-Manar a indiqué sur Twitter qu’elle pouvait toujours être vue via un satellite russe et sur internet. Pour le directeur général de la chaîne, Ibrahim Farhat, il y a une pression sur NileSat, spécialement de l’Arabie Saoudite. C’est une décision politique et non économique.
« Al-Manar n’a rien avoir avec la sédition, c’est une excuse. Ils ont coupé la diffusion hier soir (mardi). En tout cas, cette décision va à l’encontre de la presse et de la liberté d’expression et nous ne voulons pas rester silencieux. C’est injuste », a-t-il dit à l’AFP.
Cette affaire intervient avant une visite prévue du roi Salmane d’Arabie saoudite en Egypte d’où est originaire NileSat.
En mars 2016, les pays du Golfe emmenés par l’Arabie saoudite avaient déclaré le Hezbollah organisation terroriste. Cette décision est intervenue alors que les relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite, les deux puissances régionales, sont au plus bas. Les deux pays soutiennent des camps opposés en Syrie, Téhéran le Hezbollah appuyant le régime du président Bachar al-Assad, et Ryad la rébellion.
Pour l’Arabie saoudite, le Hezbollah, poids lourd du gouvernement libanais, sert de tête de pont à l’Iran pour s’ingérer dans les affaires des pays arabes. L’Arabie saoudite a suspendu en février une aide de 2,6 milliards d’euros au Liban et demandé à ses ressortissants de quitter ce pays. D’autres pays du Golfe ont arrêté et expulsé des citoyens libanais en les accusant de liens avec le Hezbollah.*AFP / mercredi 6 avril 2016
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*Les Journalistes algériens solidaires avec le Peuple Sahraoui
**dénoncent les pratiques coloniales du Maroc au Sahara occidental
Le Collectif des Journalistes Algériens Solidaires avec le Peuple Sahraoui (CJASPS), conscient de l’impasse dans laquelle se trouve actuellement le processus de négociations maroco-sahraoui, rendu possible par l’obstination du Maroc et le renoncement de ses engagements internationaux, constate que l’occupant marocain veut profiter de la conjoncture régionale difficile pour imposer le fait accompli colonial, dans le « territoire non autonome » du Sahara occidental.
Nous prenons note des préoccupations exprimées par le Secrétaire Général des Nations unies, ainsi que de ses recommandations faites, dans son dernier rapport d’avril 2016 sur la situation au Sahara occidental, qu’il a transmis récemment au Conseil de sécurité. Nul ne peut nier, à présent, que le Maroc, cité nommément dans ledit rapport, est la seule partie qui bloque le processus de règlement de la question de l’ancienne colonie espagnole, en foulant le droit international et en violant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance.
Depuis au moins 2007, le Maroc a considéré unilatéralement « son plan d’autonomie comme seule base pour les négociations », comme l’a souligné M. Ban Ki-Moon dans le rapport, une proposition en opposition avec le Droit international, pour empêcher la recherche d’une solution pacifique, « mutuellement acceptable qui permet l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ». Ces dernières années, les territoires du Sahara occidental sous occupation marocaine ont connu une dégradation inquiétante des droits de l’homme (assassinats, arrestations, tortures, procès irréguliers…) et un pillage à grande échelle des ressources naturelles : des rapports des ONG et de Parlementaires en font d’ailleurs état.
Mais, dans la même période, il y a eu notamment les manifestations de Gdeïm Izik (2009) en faveur des droits nationaux sahraouis, les actions de protestation et les grèves de la faim des militants sahraouis des droits de l’homme, dont Aminatou Haidar, ainsi que celles entamées par les familles de jeunes sahraouis morts sous la torture des bourreaux marocains. Récemment, il y a eu également l’annulation, le 10 décembre 2015, de l’accord agricole entre le Maroc et l’Union européenne (UE), par le tribunal de l’UE qui, comme la Cour internationale de justice (de la Haye), l’ONU et l’Union africaine (UA), considère que le Maroc n’a aucune souveraineté sur le Sahara occidental et que le Front Polisario est le seul représentant du peuple sahraoui. Ces événements ont contribué largement à mettre à nu le système colonial marocain.
Pris au piège, celui-ci a agi en hors-la-loi et s’est attaqué, de façon unilatérale, à la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), défiant le Conseil de sécurité qui, conformément au plan de règlement accepté par les deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario (ayant abouti au cessez-le-feu et à la création de la MINURSO), avait créé la MINURSO, par résolution 690 du 29 avril 1991, pour le contrôle du cessez-le-feu et l’organisation d’un référendum d’autodétermination dans la dernière colonie en Afrique.
La décision marocaine d’expulser 84 fonctionnaires internationaux composant le segment politique de la MINURSO, ajoutée à celle du refus de permettre au Secrétaire Général des Nations unies d’accomplir pleinement sa mission, en se rendant à Rabat et dans la capitale occupée du Sahara occidental, El-Ayoun, auraient de graves conséquences sur la stabilité de la région, et constitueraient un grave précédent pour les opérations de maintien de la paix de l’ONU dans le monde. Et ce, sans écarter le risque de reprise de la lutte armée du peuple sahraoui, comme l’ont signifié les responsables du Front Polisario, à leur tête son Secrétaire Général, Mohamed Abdelaziz, si le Conseil de sécurité n’assume pas ses engagements et ses responsabilités.
Nous, membres du CJASPS, dénonçons énergiquement les pratiques coloniales du Maroc au Sahara occidental, comme nous condamnons ses dernières tentatives visant, non seulement à bloquer la poursuite du processus de règlement de ce conflit, en conformité avec la légalité internationale, mais également à discréditer les Nations unies, son Secrétaire Général, son Conseil de sécurité, son Assemblée générale et sa IVème Commission chargée de la décolonisation, compris.
Par ailleurs, nous nous élevons contre la position des pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), ces monarchies du Golfe qui, pour couvrir les dérapages répréhensibles du royaume chérifien, attisent les tensions en s’alignant sur les thèses de la colonisation marocaine, notamment par leur soutien à la proposition d’autonomie. Sans aucune considération à la raison d’être de l’ONU ni à la responsabilité du Conseil de sécurité dans ses missions de paix et de sécurité dans le monde.
Nous doutons fort que le Conseil de sécurité participera à ce genre de coup de force, destiné à déposséder le peuple sahraoui de son droit légitime à l’autodétermination, mais aussi à affaiblir l’ONU.
Aussi, nous lançons un appel urgent aux membres du Conseil de sécurité en leur demandant d’assumer leur responsabilité, en étant ferme à l’endroit de l’occupant marocain : exiger de ce dernier de s’expliquer sur ses graves décisions et le sanctionner pour non-respect de ses engagements envers la communauté internationale et envers le peuple du Sahara occidental. Nous interpellons en outre le Conseil de sécurité sur la réhabilitation de la pleine mission de la MINURSO, pour le retour de son personnel dans les territoires sahraouis occupés, et sur l’élargissement du mandat de cette MINURSO à la surveillance des droits de l’homme, afin que cessent les violations aux droits humains perpétrées par les autorités coloniales marocaines, ainsi que l’exploitation illicite des richesses naturelles du Sahara occidental.
La question sahraouie est inscrite depuis 1963 aux Nations unies au chapitre de la décolonisation. La recherche d’une solution juste, équitable et durable, passe forcément par la tenue d’un référendum d’autodétermination libre du peuple sahraoui, sous contrôle de l’ONU. Dans ce cadre, nous appelons le Conseil de sécurité à soutenir l’appel de M. Ban Ki-Moon à l’exercice du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, dans les meilleurs délais.
* el watan / dimanche 24 avril 2016
**cliquer ici: Sahara occidentale,la longue marche pour la liberté
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*Algérie: visa refusé à un journaliste du Monde
L’Algérie a refusé un visa à un journaliste du Monde afin de protester contre la publication d’une photo du président Abdelaziz Bouteflika le liant à tort au scandale des Panama Papers, a-t-on appris vendredi de source gouvernementale française et auprès du quotidien.

Le Monde a participé avec le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) à l’étude de fichiers débusqués chez le cabinet d’avocats de Panama Mossack Fonseca.Dans ce cadre, il a publié en Une le 5 avril 2016, une photo du président Bouteflika parmi les dirigeants mis en cause, avant de se raviser en précisant que le nom du chef de l’Etat algérien « n’apparaît pas dans les Panamas Papers ».

Informé mercredi des intentions algériennes, Manuel Valls a téléphoné à son homologue algérien Abdelmalek Sellal pour plaider la cause des journalistes français, jusqu’à présent sans succès. France Culture, France Inter, Libération et Le Figaro ont annoncé vendredi qu’ils ne couvriraient pas la visite officielle du Premier ministre Manuel Valls en Algérie, en signe de solidarité avec le journaliste du Monde qui s’est vu refuser son visa par Alger. *source: vendredi 8/04/2016 -Source: Belga
**Alger se fâche avec Le Monde et provoque une crise médiatique avec Paris.
Les autorités algériennes ne décolèrent pas contre le quotidien français du soir, pour avoir publié la photo de Bouteflika en une et révélé l’implication de responsables algériens dans le scandale Panama Papers. Après la convocation de l’ambassadeur de France à Alger par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, pour signifier sa «protestation suite à la campagne de presse hostile à l’Algérie», le gouvernement algérien a refusé un visa au journaliste du Monde qui devrait assurer la couverture de la visite de Manuel Valls.
Jeudi, les autorités algériennes ont informé Paris de leur intention de ne pas accorder de visa au représentant du journal Le Monde qui devait accompagner la délégation officielle française. Le journal français proteste et dénonce une entrave à la liberté de la presse. Dans un communiqué, le directeur du Monde, Jérôme Fenoglio, s’élève contre une décision qui «empêche le journal de faire son travail».
«Cette décision est liée à notre traitement des Panama Papers, en particulier les informations que nous avons publiées sur l’Algérie», écrit-il. Le Monde dit «regretter cette décision et proteste contre cette entrave à la liberté de la presse».
Ce refus a pris de l’ampleur à la veille de la troisième réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau entre l’Algérie et la France. Une équipe du «Petit Journal» ne fera pas non plus le voyage avec Valls ; elle a également essuyé un refus de visa.
Des médias boycottent la visite de Valls
Le Premier ministre français, Manuel Valls, s’est entretenu avec son homologue algérien pour tenter de résoudre «l’affaire du visa», en vain. Mis au courant mercredi du refus d’accorder un visa au journaliste du Monde, selon l’AFP, M. Valls «a plaidé pour que l’ensemble de la délégation de presse qui accompagne le Premier ministre puisse bénéficier de l’autorisation d’entrer».
Mais visiblement, les bons offices du Premier ministre français n’ont pas convaincu les autorités algériennes, qui estiment que la publication de la photo du président Bouteflika pour illustrer l’implication de responsables algériens dans le scandale Panama Papers est «un crime de lèse-majesté».
Hier en début de soirée, d’autres médias français se sont solidarisés avec Le Monde en décidant de boycotter le voyage de M. Valls à Alger. Dans un communiqué commun, Libération, France Inter et France Culture ont fait le choix de «ne pas couvrir» la visite officielle de Manuel Valls en Algérie, samedi et dimanche.
«Cette décision de boycott est prise en signe de solidarité avec notre confrère du Monde, privé de visa par les autorités algériennes en raison du traitement du scandale Panama Papers par le quotidien français, notamment les informations visant l’Algérie», peut-on lire dans le communiqué commun dans lequel les trois rédactions dénoncent une atteinte à la liberté de la presse. «Par ce geste, nous entendons protester contre ce que nous considérons comme une entrave à la liberté de la presse», protestent-elles.
De son côté, l’Association de la presse ministérielle (APM) « s’indigne» du refus des autorités algériennes. Elle considère que «rien ne peut justifier de restreindre l’exercice de notre métier, a fortiori une interdiction pure et simple en guise de mesure de rétorsion». L’APM demande «instamment aux autorités algériennes de réviser leur jugement contraire aux principes d’une presse libre et indépendante».
En lieu et place de fournir des explications sur l’implication de certains responsables dans ce hold-up planétaire, les autorités algériennes ressortent le classique complot ourdi par des lobbys. La théorie du complot est aussitôt mise en marche. C’est la ligne de défense de Abdessalem Bouchouareb – cité dans les Panama Papers – devant la commission économique de l’APN. Et, tout naturellement, le bouc émissaire est la presse. De l’art de botter en touche.
Manifestement, la visite du Premier ministre français est sérieusement perturbée par cette tempête médiatique sur fond de malaise politique à Alger. En refusant un visa au journaliste du Monde, le gouvernement algérien provoque une minicrise politique avec Paris et a réussi à détourner l’opinion du vrai débat. *Hacen Ouali / el watan/ samedi 09 avril 2016
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*Classement de la liberté de la presse 2016 de Reporters sans frontières
L’Algérie classée à la 129e place loin derrière des pays à dictature
Le classement de la liberté de la presse 2016 de Reporters sans frontières a été rendu public aujourd’hui. L’Algérie a reculé en l’espace d’un an de 10 places dans ce classement.
Dans ce classement, l’Algérie a été classée 129e place loin derrière des pays réputés pour leur violence comme le Congo-Brazzaville du triste potentat Nkurinziza, le Zimbabwe du dictateur Mugabe, l’Afghanistan, le Togo, le Mozambique et autres. Bien loin derrière la Tunisie classée 96e place. En tête du classement, les pays nordiques comme la Finlande, les Pays-Bas, la Norvège et le Danemark arrivent largement en tête du classement.
Cette peu enviable place de l’Algérie reflète la réalité de la liberté de la presse et du travail de verrouillage hermétique décidé par le pouvoir. Faut-il rappeler les pressions que subissent les journaux privés réputés opposés au pouvoir ou les chantages à la pub que le ministre de l’information utilise à chaque fois pour étouffer les voix libres de la presse. Des quotidiens d’information comme Al Djazair News de Hmida Layachi ou Mon Journal de Hicham Aboud ainsi que la chaîne de télévision El Watan TV ont été fermés sur décision du pouvoir. Mais le premier journal a être la cible de l’interdiction et donc de sa disparition des kiosques algériens décidée par Abdelaziz Bouteflika est le quotidien Le Matin.
Faut-il rappeler également que l’espace audiovisuel public est fermé à toute expression de l’opposition. L’ENTV ainsi que les radios sont systématiquement utilisés comme des caisses de raisonnance du discours officiel.*Yacine K./ .lematindz./ mercredi 20 avril 2016
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* Rachid Boudjedra visiblement choqué par la Pub en P1 d’el watan
Fidèle lecteur d’El Watan, Rachid Boudjedra a exprimé, dans une de ses chroniques publiées par un site électronique, tout son dépit de voir le journal qu’il classe parmi les plus grands quotidiens du pays accorder une demi-page de sa Une à une annonce publicitaire. Cette façon de faire de la pub qui l’a visiblement choqué — surtout de la part d’un media crédible —lui semble être une pratique commerciale intolérable dans la mesure où elle porte atteinte aux règles déontologiques les plus élémentaires. Une pratique fondée, selon lui, sur le mercantilisme le plus étroit si l’on en juge par la critique sévère qu’il a développée, le ton qu’il a mis pour manifester sa colère.
Sans vouloir remettre en question son droit à la réprobation qui est somme toute légitime, sans vouloir aussi entrer en polémique avec l’un de nos plus talentueux et brillants — sinon le plus brillant — écrivains, sur un sujet sérieux qui fait débat et qui mérite assurément une analyse bien plus importante que celle qui lui est consacrée dans un billet au rôle de sniper qui tire sur tout ce qui bouge, nous avons à ce propos l’intime conviction que blâmer de manière aussi désinvolte c’est mal connaître ou si peu la réalité économique dans laquelle se débat la presse nationale aujourd’hui. A moins de feindre l’ignorer volontairement, et là c’est une tout autre histoire… qui pourrait ressembler à la coquetterie intellectuelle.
Nous préférons rester dans la justesse de la diatribe morale qui vient des tripes et qui invite à la réflexion tout en prenant le soin de rappeler au passage que les plus grands journaux dans le monde, qui sont considérés comme des institutions dans leurs pays (France, USA, Angleterre…) ont parfois tendance à privilégier ce type d’espace au niveau de leurs vitrines, sans que cela n’apparaisse comme une entreprise douteuse. Si donc des publications grand public en viennent à cette procédure avec ce souci constant de ne jamais altérer la ligne éditoriale, ce n’est sûrement pas de gaieté de cœur ni pour faire dans l’esthétisme graphique.
Le marché de la publicité étant ce qu’il est chez nous, la concession devient inévitable juste pour amener le bateau à bon port et continuer à être au service d’un lectorat toujours exigeant. Mais, il ne faut pas s’y méprendre, ce qui apparaît comme étant une pratique commerciale «perverse» n’est évidemment que la conséquence directe du jeu politique trouble qui affecte le domaine de la publicité et son instrumentalisation par le Pouvoir comme puissant moyen de pression économique pour affaiblir les organes récalcitrants et domestiquer la liberté d’expression.
Quand les rapports à la libre concurrence sont à ce point faussés, que reste-t-il aux entreprises de presse pour s’en sortir sans trop de dégâts ? Vendre son âme au diable, c’est-à-dire faire allégeance et recevoir sa «ration», ou se démettre. C’est cela la politique publicitaire que pratiquent nos dirigeants pour normaliser le champ médiatique. Il faut beaucoup de ténacité et de conviction pour ne pas succomber, encore faut-il porter en soi l’idéal de liberté avec tout ce qu’il comporte comme risques, et à ce jeu les postulants à la résistance ne sont pas tellement nombreux.
Bien sûr que notre écrivain que nous respectons beaucoup a toutes les raisons de fulminer contre une demi-page de pub étalée sur la page la plus noble du journal, mais on aurait aimé — sans vouloir encore une fois égratigner sa susceptibilité — voir sa colère s’exprimer de la même manière quand toute la machine répressive du Pouvoir s’était mise en branle dès le quatrième mandat de Bouteflika pour «assécher» littéralement la presse libre de ses recettes publicitaires traditionnelles.
Non contents d’avoir privé El Watan de la pub étatique en provenance de l’ANEP depuis plus de vingt années — notre journal est le seul à ne pas avoir de contrat avec l’agence publique, donc jamais d’entrées publicitaires —, les tenants du système ont fait encore plus fort pour nous asphyxier en faisant carrément du chantage aux gros annonceurs des firmes étrangères établies en Algérie s’ils continuaient à choisir nos espaces. Du jamais-vu dans aucun pays au monde. Et pour mener à bien cette directive, le Pouvoir a instruit un ministre de la République pour appliquer une feuille de route. Sous prétexte d’assainir le secteur de la presse, il a surtout visé la partie la plus sensible des titres, en l’occurrence la manne publicitaire.
Le résultat ne s’est pas fait attendre. Si El Watan attirait jusque-là jusqu’à douze ou treize pages de pub sur trente-deux et trente-huit pages (et non 16 sur 24 comme affirmé), cette manne qui avait fait tant saliver est brutalement tombée à son plus bas niveau alors que les charges de l’entreprise, de plus en plus lourdes, n’ont pas changé. Les recettes ont chuté de plus de 60% sans que notre journal dévie de son défi.
Grâce à son contenu et son sérieux, il réussit à maintenir tant bien que mal le cap, alors que de partout bruissent autour de lui les clameurs des puissances d’argent qui viennent mettre fin à une époque «romantique», celle de l’aventure intellectuelle. Le cri de Boudjedra nous est finalement parvenu comme un cri de cœur de la part d’un fidèle lecteur qui assiste comme nous à la fin de cette époque où l’argent n’a jamais été l’essentiel.
Comparée à celle du pays voisin de l’Ouest où les médias publics n’existent plus et où le marché de la publicité est ouvert à une saine concurrence et non pas soumis aux règles détestables du chantage et de la soumission, la situation de la presse en Algérie va de mal en pis. Son avenir reste lié à un noble combat pour la liberté qui devient trop inégal de jour en jour. Et cela, l’auteur de La Répudiation le sait.*Abderezak Merad / el watan/ jeudi 07 avril 2016
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Télévision : La chaîne Histoire refait à sa façon l’histoire de l’Algérie française
Huit soirées complètes consacrées à l’Algérie d’avant- indépendance jusqu’à la libération nationale, c’est une première pour une chaîne de télévision française.
Deux hebdomadaires de droite accompagnent le mouvement de la chaîne Histoire dans sa semaine Spécial Algérie, qui devait débuter hier soir, Le Figaro Magazine qui reconsidère l’indépendance façon «erreur fatale», comme si nous étions en 1962. Et Valeurs Actuelles, la voix de l’extrême droite, dont le contenu renvoie à des heures sombres.
Au programme, depuis hier soir et jusqu’à samedi prochain, il y aura cependant de belles choses à voir ou revoir, entre autres La Bataille d’Alger de Pontecorvo (rarement télédiffusé) ou, mardi soir, Le Fusil de bois, un film de Pierre Bellerive et, vendredi soir, un documentaire de Marie Colonna et Malek Bensmaïl : 1962, de l’Algérie française à l’Algérie algérienne.
Hélas, cette initiative, qui permet à une mémoire encore vive de s’exprimer utilement et de donner une large place à ce conflit majeur du XXe siècle, se heurte à une limite imparable : la connotation à charge contre l’Algérie combattante qui a rejeté la soumission coloniale longue de 130 ans.
Le regard est au contraire tendance Algérie française teinté de regrets de la colonisation, même si l’analyse, 54 ans après le cessez-le-feu, reste ouverte et nourrit de nombreux témoignages dans lesquels chacun fera le tri en fonction de son histoire personnelle. Cela n’empêche pas que prime, au vu du programme, un regard nostalgique dans le sens «avant, c’était mieux ou on aurait pu éviter cela», si «on n’avait pas fait des erreurs».
Cette dérive qui gâche tout ne doit rien au hasard, car la chaîne est dirigée par le très droitier Patrick Buisson, ancienne éminence grise de l’ancien président Nicolas Sarkozy.
C’est lui qui lui avait conseillé, en avril 2012, pendant la campagne présidentielle, d’inclure dans son programme politique de réélection la dénonciation des Accords d’Evian. Celui qui était alors chef de l’Etat pour quelques jours encore avait renoncé, suscitant l’ire de Buisson, d’après les journalistes Ariane Chemin et Vanessa Schneider qui, en 2015, ont publié un livre sur l’ex-conseiller de Sarkozy sous le titre Le mauvais génie (éditions Fayard).
Cette année, il y a un mois, le même Nicolas Sarkozy avait été le plus virulent à protester contre la décision inédite du président François Hollande de commémorer l’anniversaire du 19 Mars. La filiation est donc intacte.
EXACERBER DES PASSIONS
Ainsi, à côté des documentaires sur la guerre d’Algérie à découvrir, car tout le cheminement de la colonisation à l’indépendance y est exposé, la chaîne entend malheureusement réécrire l’histoire en faisant croire que l’Algérie coloniale était une félicité pour tous et qu’elle n’aurait jamais dû prendre fin.
On y rouvrira des plaies que certains veulent faire renaître non pour trouver des réponses aux questions légitimes que tout conflit génère — surtout qu’en Algérie il a commencé en 1830 —, mais pour exacerber des passions inextinguibles.
On parlera, pendant cette semaine télévisuelle, de la politique gaulliste, venue pour régler le problème d’une Algérie pour tous — comme si un jour elle aurait été possible ! — et qui aboutit à l’autodétermination, puis à l’indépendance ; on rappelle le sort des disparus, notamment des soldats ; on donne la parole sans gêne à l’OAS ; les rapatriés et les harkis parlent de leurs blessures sans se soucier vraiment des centaines de milliers de martyrs algériens.
Et on réécrira la Bataille d’Alger version «para», avec notamment un docu sur Bigeard. Parmi les moments-clés, mercredi dernier : Les dieux meurent en Algérie – la guerre des combattants, un documentaire inédit projeté à Paris en avant-première dans une salle où tout le gratin de l’extrême-droite était présent… C’est dire.
http://www.histoire.fr.
La marginale et petite chaîne Histoire est disponible sur le satellite et sur le câble en France.
*Walid Mebarek/ el watan/ dimanche 10 avril 2016
Farid Bentoumi. Cinéaste
Les enfants d’immigrés ont eu une cassure avec leurs origines
Le premier long film de Farid Bentoumi, Good Luck Algeria, est dans les salles en France depuis le 30 mars. Et c’est déjà un succès. Il sera aussi projeté en juin à l’Institut français d’Alger. Rencontre avec un ancien élève de prépa devenu cinéaste.
*Acquittement pour l’ancien rédacteur en chef du quotidien El Joumhouria
Suite à la plainte déposée par le directeur du quotidien national El Joumhouria, M. Bouziane Benachour à l’encontre de l’ancien rédacteur en chef, l’affaire a été instruite par le tribunal d’Oran et après reports et ajournement, le tribunal a statué dans la matinée du 11 avril après les plaidoyers des avocats Aissani Abdelkrim, Benkhedda Miloud et Nabil Sakr qui ont démontré à la cours l’innocence de l’accusé Mohamed Chergui de toute tentative de blasphème. La cour a prononcé l’acquittement de l’ancien rédacteur en chef.
Pour rappel, l’article incriminé a été publié en absence du rédacteur en chef. La justice n’a retenu aucune charge à l’encontre de l’ex rédacteur en chef qui, malheureusement, a perdu son travail.*Par Mohamed Ibn Khaldoun | mardi 11/04/2016 | .algerie1.com
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