Guerres : pillages,exactions, horreurs et meurtres dans l’impunité totale

Au départ, il y avait les guerres. Et les guerres sont toutes les mêmes. Elles ne se limitent guère à l’affrontement entre combattants. Elles commencent en général par cela, un échange de coups entre les forces en présence et elles se terminent par l’occupation par le vainqueur de l’espace conquis. Et l’occupation de l’espace qu’il contrôle, devient dans la plupart des cas le théâtre d’exactions que seuls des soudards déchaînés, enivrés par l’odeur du sang, la fumée, les explosions, peuvent commettre. Viols, vols, meurtres sont perpétrés dans l’impunité totale. La dure loi du vainqueur s’impose au vaincu dans toute son horreur. La plus douce de ces horreurs demeure le pillage. Il n’y a pas une armée au monde, qui ne se soit rendue coupable de ces méfaits qui vont du chapardage jusqu’à la razzia pure et simple. Depuis l’aube des temps, le passage d’une armée en campagne est marqué par les ravages qu’elle fait: de la simple masure jusqu’au palais royal, rien n’échappe à la vindicte et à la cupidité des vainqueurs: ils veulent se dédommager de toutes les peurs, de toutes les sueurs versées et de tous les efforts fournis pendant la campagne. Alors, ils se servent. Jadis, les tribus organisées constituaient un fonds commun, que les chefs répartissaient ensuite suivant le mérite, suivant le rang des combattants. Dans les hordes désorganisées, c’est chacun pour soi, et celui qui avait le bras le plus long, se servait le mieux. Tout le monde a en mémoire l’épisode du vase de Soissons…Mais le pillage, à l’occasion des guerres, sert aussi à financer d’autres guerres. Le pillage scientifique ne consiste plus alors à soutirer les petites breloques ou les denrées alimentaires, mais à rafler tout ce qui est monnayable ou négociable. Les Croisades, les guerres d’Italie, de François 1er jusqu’à Napoléon, ont été des opérations financières pour le pouvoir en place. Et dans les razzias, le secteur de l’art occupe une place prépondérante: ce ne sont plus les bijoux, l’or ou les métaux précieux, mais les oeuvres d’art qui vont constituer le butin le plus recherché. Des chefs-d’oeuvre d’artistes renommés vont entrer dans les collections de gens fortunés qui, en retour, vont contribuer à l’effort de guerre du détrousseur des empires. Les guerres coloniales ne seront pas en reste, des oeuvres architecturales, des statues, des bas-reliefs, des monuments vont être démantelés de leur lieu d’origine pour être érigés dans les musées ou sur les places publiques des métropoles européennes.
L’occupation de l’Europe par les armées allemandes va donner lieu à un pillage organisé scientifiquement par une soldatesque encadrée par de véritables connaisseurs d’art qui vont faire transférer, par convois entiers, les chefs-d’oeuvre accumulés pendant des siècles de labeur…ou d’autres pillages. Ce n’est que justice! Il paraît même que l’armée rouge, rentrée en vainqueur à Berlin, récupérera une grande partie de ce butin qu’elle restituera aux prestigieux musées soviétiques. Le lobby sioniste, quant à lui, déploie tous ses efforts pour récupérer les pièces de collection confisquées aux personnes privées de confession juive…D’autres gestes condamnables seront dénoncés par des témoins vigilants: ainsi Aragon, dans son étude consacrée à Victor Hugo, déplorera la disparition de la statue en bronze du poète, envoyée à la fonderie par le régime qui inaugura les autodafés.
Plus près de nous, on a assisté non seulement à la main basse par les forces de Saddam sur toutes les richesses du Koweït, mais en retour, toute la planète a pu suivre en direct, le pillage du musée de Baghdad, mis à sac par des populations (comme en octobre 88 dans les grands magasins d’Alger), sous l’oeil vigilant des troupes américaines. Il paraît que les douanes des USA ont pu récupérer certaines pièces vieilles de 5000 ans dans le paquetage de ces glorieux soldats venus installer la démocratie en Mésopotamie.(L’Expression …07.03.09.)