L’Algérie à travers la presse-5

***Football ou… «foot h’ball»

L’Algérie à travers la presse-5 spacer

Entre les deux maux , football et foot’hball, il n’y a qu’un pas. Entre les deux mots, il n’y a qu’une lettre. Mais une lettre qui change tout. Après chaque victoire d’un match de foot, c’est toute l’Algérie qui se donne en spectacle après le spectacle.

Tout le pays est en liesse. C’est le match de « OUM EL KOURA, » sa Majesté le «Foot» ou «la mère» des balles rondes. Pourtant, tous les ballons sont ronds, si l’on excepte celui du rugby.

 L’équipe féminine de volleyball a, pourtant, bien remporté la victoire du championnat africain. Félicitation.

Non seulement, il n’y a eu aucune ambiance festive dans la rue algérienne à l’instar des matchs de foot Algérie-Egypte, Algérie Ruanda, mais cela s’est passé presque sous silence. Les médias n’ont pas été au rendez-vous pour médiatiser suffisamment la victoire, toutefois, bien méritée et…à la hauteur de l’évènement. Nos ambassadrices ont donné le meilleur d’elles-mêmes pour permettre à l’emblème national de flotter et à l’hymne national de résonner sous d’autres cieux, mais aussi pour donner satisfaction aux quelques Algériens qui ont eu « la galanterie » de suivre leurs différents matchs et les ont supportées vaille que vaille dans leur parcours, pourtant, de combattantes. Pourquoi cette forme de discrimination négative ?

Parce qu’elles sont des filles ou parce que le volleyball ne mérite aucune attention de la part des esprits sportifs des Algériens. Cependant, ces victorieuses méritent bien respect et considération de la part de toute la nation algérienne. Bravo. Elles ont fait montre de ce qu’elles sont capables de faire et, en même temps, gonfler leur pays d’orgueil.

Elles ont, du coup, montré à ceux qui veulent bien le reconnaître que la fille algérienne n’est pas faite exclusivement pour la cuisine et la maternité comme le pensent beaucoup d’esprits moyenâgeux. Elle a bien prouvé qu’elle n’a pas que son talon sur lequel marchent les hommes mais aussi du talent en tant que capacité remarquable dans le domaine sportif. Pour peu que l’on s’intéresse à elle et qu’on lui donne sa chance et les moyens pour s’affirmer.

De son temps, Karl Marx avait raison de dire que « La religion – au sens générique du terme – est l’opium des peuples.» L’idée n’est pas tellement péjorative. Il suffit de remplacer le concept religion par un autre devenu à la mode qui est «le football» que nos médias semblent mystifier à sacraliser.

 Après chaque victoire d’un match de foot, c’est toujours la même rengaine : de véritables marées de jeunes se défoulent comme des débiles que rien ne semble retenir. Un défoulement devenu une dynamique à la folie collective. « Il faut que folie se passe ». C’est un moment de liesse nationale. Que les automobilistes actionnent leurs klaxons-et ce, à une heure très tardive (que fait-on du tapage nocturne qui perturbe malades, vieux et bébés dans leur sommeil) – pour canaliser leur trop plein de joie, cela se comprend parce que cela existe dans tous les pays du monde. Mais quant à voir des jeunes monter sur les toits et capots des voitures avec tous les risques d’accidents dramatiques (il n’a pas d’accident par accident) et avec presque la bénédiction des pouvoirs publics, cela dépasse tout entendement. C’est un non-sens qui défie toute raison, toute logique, chronique. Les jeunes se déchaînent.

 Le foot, qui est un sport de distraction, semble prendre, chez nous, les proportions d’un arbre qui veut cacher la forêt de misères dans laquelle végètent les Algériens. Que peut rapporter le football de plus aux amertumes quasi quotidiennes de la vie de tous les jours du citoyen malheureux chez lui, dans son propre pays pour lequel lui-même et/ou des membres de sa famille ont pourtant combattu durant la Guerre de Libération. Même si le Onze national remporte les deux coupes africaines et mondiale, quel serait le profit substantiel du citoyen anonyme. Jusqu’à quand continue-t-on à endoctriner nos jeunes, à les avachir, à les rendre psychologiquement veules ? Le foot est-il en passe de devenir l’opium de nos jeunes – que Dieu les préserve. Est-il devenu un écran pour voiler l’inquiétude du présent et l’angoisse de l’avenir ? Les pouvoirs publics ne voudraient-ils pas reconnaître qu’il n’est plus l’heure des leurres ? Les saintes colères expriment un bouillonnement social pour réclamer, à juste titre, une répartition équitable des richesses et du bonheur nationaux pour tous les habitants de ce pays. Il appartient aux dirigeants de ce pays de remédier dans l’immédiat avant qu’il n’engendre d’autres maux.

 Il est clair que tous les clubs du monde entier ont leurs supporters paisibles et/ou mordus. Néanmoins, notre football est en passe à devenir un « foot’hball » qui dépasse l’entendement. Lorsque les bornes sont dépassées, il n’y a plus de limites. Le citoyen algérien désire une vie décente. Il a besoin d’un bien-être sans exiger le luxe. Le jeune Algérien a faim de vivre et en a assez de mener une existence sans vie. Sans prétention de vouloir faire retourner Descartes dans sa tombe – qu’il continue à reposer en paix -, nous pouvons, en Algérie, inverser le cogito cartésien : « J’existe, donc je suis. »

Or, il n’existe pas, donc, il n’est pas. Comment, pardi, dans un pays qui regorge de richesses (sol et sous-sol), en quelques années seulement, il y a «des infiniment richissimes » qui ne manquent de rien parce qu’ils ont tout et «des infiniment pauvrissimes» qui n’ont rien et qui manquent de tout et ce, au vu et au su des pouvoir publics qui continuent à fermer les yeux et se boucher les oreilles.

Est-ce encore l’Algérie des deux collèges qui rappelle tristement l’époque coloniale ? A quoi, donc, a-t-elle servi l’Indépendance qui a été trahie? Une bonne gouvernance se fait dans et avec la Vérité et non sur le mensonge et l’hypocrisie politiques.

 Ce que désirent tous les habitants du pays, c’est d’être des Algé-Rois heureux et fiers d’être chez eux et non des Algé-Riens malheureux et éprouvés qui souffrent d’être chez eux et qui continuent à braver la mort en haute mer à bord d’embarcations de fortune à la recherche d’une vie meilleure, dans l’espoir d’une vie ailleurs. De véritables suicides collectifs s’organisent parce que ces jeunes vivent un concentré, voire le nectar du mal-être, de la mal-vie.  C’est bizarre comme les temps ont changé. Les jeunes de vingt ans des années cinquante bravaient la mort pour libérer leur pays de la domination coloniale durant la Révolution de 1954, tel que Zabana et un million et demi de ses semblables – que Dieu les accueille dans Son vaste Paradis pour l’éternité. Les jeunes de vingt ans d’aujourd’hui bravent la mort pour le quitter parce que sans travail, sans logement, sans avenir. Ils mènent une vie de galère, autant dire une vie à l’envers de leur rêve pendant que d’autres (une minorité de parvenus) mènent une vie de châteaux d’Espagne en Algérie, de surcroit. La précarité semble définitivement élire domicile chez nous et ne semble pas s’inquiéter outre mesure. Ces jeunes demandent seulement le SMIC du respect de la vie parce qu’ils sont « LE PEUPLE », parce que comme l’a dit le génial poète tunisien Abou El Kacem Chabi : « Si le peuple un jour décide de vivre, le destin doit s’exécuter. »

 J’ai juste une chose à ajouter. Monsieur Sâadane a eu cet éclair de génie de faire appel à quelques joueurs nationaux qui ont évolué à l’étranger. Leur contribution a été fructueuse au sein de l’équipe nationale qui connaît, actuellement, victoire sur victoire, victoire après victoire. Pourvu qu’elle continue sur cette lancée qui nous fait plaisir et dont nous en sommes tous fiers. Cependant, si les Autorités politiques décident, dans un élan de patriotisme, de lui emboiter le pas en faisant appel aux 40 000 cerveaux pointus qui se sont installés à l’étranger et qui font tourner les labos de leurs pays d’accueil, l’Algérie fera 40 fois moins de temps pour se développer 40 fois plus par rapport à ce qu’elle est aujourd’hui. A titre d’exemple et selon les statistiques, l’enseignement supérieur compte 35 000 enseignants dont 7 000 seulement sont de rang magistral, soit un enseignant sur cinq. Imaginons un instant que les pouvoirs ont appris et compris la leçon et font appel à toutes ces compétences nationales établis hors du pays ajoutés à ceux qui y sont déjà sur place. Notre université redeviendra le fleuron de l’Algérie, comme dans le bon vieux temps. Elle n’aura, de ce fait, plus rien à envier aux autres universités du monde même celles de renom. Dois-je, dont continuer encore à rêver ? (Quotidien d’Oran-22.10.09.)

par Mohammed Guentarni*Docteur ès lettres
Maître de Conférences
Université de Chlef

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**Pour la maman, les frères et soeurs d’un chef…

Avertissement : Nous prions instamment le lecteur de donner aux mots de cette chronique la signification qu’ils ont dans le dictionnaire, et de brider si possible son imagination. Pour lui rappeler cet avertissement au cours de sa lecture, aux moments que nous avons jugés opportuns, nous avons employé la lettre D comme signal.
Quand nous avons pensé que cela était insuffisant, nous avons fait suivre cette lettre par la définition du mot concerné, puisée dans Le Grand Robert.


Première partie
Maman, l’homme qui t’a remis cette cassette qui contient mes paroles, et la machine qui te permet en ce moment de m’écouter, est mon chauffeur ! Oui, ma petite maman, ton fils est un Chef maintenant et possède un chauffeur pour lui tout seul. Je lui ai ordonné de garer la voiture près du seuil de la maison pour que tu puisses la contempler à ton aise. C’est le gouvernement (D) qui m’a offert cette merveilleuse automobile. C’est parce qu’un Chef se déplace beaucoup, maman. Son travail est d’une importance capitale pour l’avenir de la patrie, et exige de ce fait qu’il soit présent partout où les grandes décisions (D) sont prises. Réunion (D) après réunion, sans répit, nous construisons notre pays sans jamais pousser le moindre gémissement (D).
Maman, mon chauffeur te remettra quatre cartons remplis de vivres. Entre autres bonnes choses, tu trouveras dedans des bananes, des poires, des pommes, des sachets de raisins secs et de pruneaux, des amandes et des cacahuètes décortiquées, du thé et du café, et des pots miel pur. Il te remettra aussi de l’argent. C’est pour la viande. Ne craignez pas de le dépenser. Ne lésinez pas. Je vous en enverrai encore bientôt. Oui, désormais, vous ne manquerez de rien. 
 Maman, je vois d’ici tes lèvres murmurer des formules magiques pour conjurer le mauvais _il. Mais j’ai pris mes précautions, maman, j’ai ordonné au chauffeur de te montrer les sept amulettes que j’ai accrochées au rétroviseur pour que tu ne t’inquiètes pas inutilement. Aucun regard envieux ne pourra nous atteindre. C’est un ami sénateur (D) qui me les a conseillées. Il est d’une culture (D) extraordinaire. «Il y a des yeux, m’a-t-il dit, qui seraient capables de faire périr des troupeaux entiers de moutons et de vaches. Un ministre (D) m’a raconté que son ex-épouse a perdu tous ses cheveux. La pauvre est condamnée aujourd’hui à porter une perruque. La cause : elle est allée raconter à toute sa tribu (D) qu’elle se coiffait à Paris. On ne l’a pas ratée !». 
 Maman, j’ai aussi une secrétaire (D) (Personne qui est attaché à une personne de haut rang pour rédiger, transcrire et parfois expédier des lettres, des dépêches, etc., de caractère officiel.). C’est l’épouse d’un de mes subalternes, un jeune homme à l’avenir prometteur. Ils viennent de convoler en justes noces. Débordante d’amour (D) pour le boulot (D), quand les circonstances l’exigent, elle reste parfois au bureau jusqu’à minuit (D). Elle se donne (D) alors à son job (D) avec une fougue (D) insoupçonnable chez une jeune femme de son âge. C’est mon chauffeur personnel qui la ramène alors chez elle. Son mari est plein d’ambition (D) et vide de scrupules inutiles. Il ira très loin. Il me rappelle mes débuts dans l’administration. J’ai de l’affection pour lui. Mais il a une manie qui m’agace. Il a toujours un chewing-gum dans la bouche. Maman, lance des youyous partout, jour et nuit, nuit et jour, perce les oreilles de tout le monde, il faut qu’ils sachent que ton bébé (D) est devenu un Chef. Fais en sorte que toutes les créatures de Dieu apprennent que je suis maintenant un Grand Responsable. Va, maman, entre dans toutes les maisons pour semer la nouvelle. Je veux que les gens qui nous connaissent et ceux qui n’ont jamais entendu parler de nous soient au courant. Je suis un Chef. Je suis un Chef. Oui maman, tu étais la mère d’un homme quelconque qui courbait le dos (D), tu es maintenant la mère d’un Chef qui fait courber les dos. Quand papa, arraché au lit moelleux de sa résignation séculaire par tes cris de joie, te demandera le pourquoi de ces youyous, dis-lui alors la nouvelle. Dis-lui que son fils va s’asseoir désormais dans un fauteuil (D) dans lequel ne peuvent s’asseoir que ceux que Dieu a créés pour servir la Nation. 
 Maman, dis à papa qu’il avait raison de me bousculer, de me battre, de m’insulter, de me traiter de bourricot (D) et de chien (D) sans arrêt. Il n’y a, je le sais maintenant, que le bâton qui peut dresser un homme. J’ai encore les traces des coups sur mon corps, et de temps à autre, je les observe longuement pour m’en souvenir. Elles ont été mes livres. Dis-lui que la misère dans laquelle nous avons vécu m’a beaucoup appris. C’est elle qui a guidé mes pas vers les hauteurs (D). C’est elle qui m’a enseigné comment on grimpe (D) sans tomber. 
 Maman, annonce à mes Sœurs que désormais elles sont les Sœurs d’un Chef. À partir d’aujourd’hui, qu’elles se préparent, tous ces blancs-becs prétentieux, qui ne daignaient pas jeter un regard sur la porte de notre maison, viendront en foule demander la main (D) de tes filles, mielleux et rampants, grillés par le désir de devenir tes beaux-fils. Mais ne commet pas l’erreur de leur répondre aussitôt, ma petite maman. Laisse les poireauter un bon bout de temps, puis exige ce que tu veux. Ils s’aplatiront. Car, dis-moi maman, chez nous, qui ne voudrait pas être le beau-frère d’un Chef ? Annonce à mes Sœurs que des centaines de voitures luxueuses assisteront à leur cortège nuptial. 
 Maman, informe mes frères qu’ils ne se tracassent pas la tête pour le moment. Je suis en train de leur arranger une affaire qui va leur permettre de ramasser du fric à la pelle. 
 Maman, ça a été dur pour moi de parvenir à ce bureau. Le chemin qui mène à la gloire est semé d’obstacles, boueux (D) et sinueux à donner le vertige et la nausée. Il m’a fallu lutter sans répit contre des masses de gens qui comme moi voulaient occuper cette chaise bénie (D). Ce que tu vas entendre maintenant, maman, pourrait te troubler parce que tu es une femme, et Dieu a créé la femme faible et tendre. Il faut que tu saches, maman, que le Pouvoir exige beaucoup de sacrifices (D) (Renoncement ou privation volontaire en vue d’une fin religieuse, morale, esthétique, ou même utilitaire). Celui qui le désire doit se débarrasser d’une grande partie des berceuses et des leçons de morale qu’il a ingurgitées pendant son enfance. Il y a des voyages, maman, qui exigent d’autres bagages (D), et très tôt, j’ai su que je n’étais pas fait pour vivre avec, au bout d’un bâton, le balluchon des proverbes qui chantent la patience et le contentement. Certes, ces histoires sont bonnes pour les petites gens qui fourmillent chez nous, mais n’apportent rien à celui qui vise les sommets (D). Comme ton fils. Maman, je te quitte maintenant. On (D) vient de me téléphoner. Je dois me presser (D). Ils ont certainement besoin de ma présence pour prendre une grande décision (D). Maman, lorsque tu auras terminé d’écouter cette cassette, n’oublie pas de la brûler. Je t’expliquerai plus tard la raison de cela. Au revoir, ma maman chérie (D). Que Dieu te garde pour moi.Deuxième partie
Ce fut une fête inoubliable. Puisant dans les cartons merveilleux envoyés par l’enfant chéri, la famille du nouveau Chef s’offrit une inoubliable bombance. Ému et angoissé par l’abondance des mets que sa femme et ses filles servirent à table, le père ne put s’empêcher de pleurer.
Mais cela ne dura pas. La joie eut raison de cet instant de faiblesse importune. Quand ils finirent de festoyer, ils allèrent se coucher, l’estomac fasciné par les abondants et délicieux morceaux qu’il devait digérer. Mais il était écrit que la mère serait victime d’un inénarrable cauchemar. Pour ne pas nous exposer au risque de trahir l’évènement, écoutons-la raconter elle-même, à sa Sœurs unique, l’extraordinaire aventure qu’elle a vécue cette nuit-là.
«Je dormais tranquillement, ma s_ur, le ventre plein de bonnes choses, quand je fus arrachée à ce sommeil béni par un cauchemar qui me fait trembler encore. Je me suis réveillée haletante, cherchant de l’air pour mes pauvres poumons. Puis des vomissements secouèrent mon corps jusqu’à le fissurer. Que te dire, ma Sœurs ? C’était mon fils, celui qui est aujourd’hui un Chef.
Épanoui et ravissant, il me faisait visiter une grande maison composée d’innombrables pièces. Dans chacune, étaient entreposées plusieurs corbeilles remplies de noix (D) (Fruit du noyer, drupe constituée d’une écale verte, d’un endocarpe lignifié à maturité qui forme la coque et d’une amande comestible.). Il en était ravi. En effet, de temps en temps, mon fils se tournait vers moi et s’exclamait : «J’adore les noix, maman ! Je suis fou des noix, maman ! Ah ! maman !». Nous étions ainsi, ma Sœurs, lorsqu’apparurent subitement deux énergumènes : un jeune homme mastiquant un chewing-gum, et une jeune femme avec des lèvres (D) charnues (D) et peintes en un rouge (D) coquelicot (D) qui faisait mal aux yeux.
Cette dernière se dirigea vers mon fils et lui passa une corde (D) au coup. Ensuite, cette débauchée (D) et le type qui mâchait le chewing-gum le tirèrent vers une cage, et l’enfermèrent dans celle-ci. Mon fils n’avait manifesté aucune résistance. Il s’était prêté à leur manège avec une docilité d’agneau. Mais un moment après, il se mit à crier : «Donnez-moi des noix. Je veux des noix.».
Le jeune homme éclata de rire : «Ce sont les miennes maintenant. Toutes ces noix m’appartiennent.». Alors je vis une chose effroyable : la langue (D) de mon fils s’allongea hors de sa bouche et resta ainsi, pendante. C’est à cet instant que ces fruits bizarres se mirent à dégager cette épouvantable odeur de salive (D). Maintenant, le rêve a disparu, mais cette puanteur est restée collée à mes narines. Je dégueule sans répit, ma soeur. J’ai beau me frotter le nez avec tous les produits qui me tombent sous la main, rien à faire, l’odeur est partout. Elle a tout imprégné. J’ai vu des médecins et des talebs. Pas moyen de la faire partir. Je vais te dire une chose : elle finira par me pourrir les poumons. Tu vois ce que le destin m’a réservée vers la fin de mes jours, ma Sœurs ! Une odeur de salive qui m’arrache les boyaux.».
Troisième partie 
 La pauvre vieille femme est toujours atteinte de ce mal fantastique. Son fils, le Grand Chef, a dépensé des fortunes pour guérir sa mère. En vain. L’odeur nauséabonde s’entête à gâcher la vie à cette malheureuse. Par ailleurs, cette mésaventure s’est répandue comme une traînée de poudre parmi le peuple. Et aux dernières nouvelles, il est arrivé une chose bizarre : certains Responsables trouvent de temps à autre sur le seuil de leur porte des noix en matière plastique nouées dans un mouchoir. Une enquête a été ouverte pour expliquer ce phénomène étrange. On rapporte aussi qu’un vieux meddah effronté nommé Cheikh Dahou s’est emparé de l’histoire et la raconte partout où le mènent ses pas. On dit qu’il commence toujours ainsi : «Bonnes gens ! Si vous avez de la pudeur, ne restez pas ici.».par Boudaoud Mohamed .(Q.O-22.10.09.) 

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*La société dans l’œil du cyclone

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L’émeute est comme un vent sournois. Il va dans toutes les directions. Fou et affolé, il est là pour détruire, mais aussi pour murir la moisson.Il semblerait, à le voir dans les yeux des gens ou dans le lourd cartable des élèves, qu’une certaine densité de plomb surplombe le pays. Tout est en marche au même moment où tout s’arrête de fonctionner normalement. Heureusement que l’éducation nationale, son programme ses mille reformes et son tablier sont là pour amener paître parents et alliés dans les sillons du comment sera fait le lendemain. A défaut justement de la lancée des iris vers le firmament de ce lendemain, incertain, obscur et mal illuminé ; le passé est présent pour ravir l’attention et la souvenance. En pensant à l’avenir de nos enfants, l’on oublie vite les péripéties arguées d’obstacles et de gâchages de notre passé. Qu’avions-nous eu comme motifs tenables pour commettre les mauvais aiguillages dans la voie mal ferrée de la vie de nos diverses options et projets de société ? A la limite nous aurions pu laisser faire nos instincts grégaires, sans avoir à recourir au feu et au sang en vue de vouloir s’instaurer une démocratie que l’on rejette dès l’apparence d’un avis contraire ou d’une opinion loin de la notre. Ce ne seront pas la sécheresse de nos robinets et l’épuisement de nos nappes phréatiques ou de nos réserves de change qui iront forcer notre détermination à amoindrir de l’énergie qui anime nos ultimes souffles à souffler tout effort de redressement ou de salut public. Le mal on le décrit chacun suivant son temps et chacun selon sa douleur. Il est là devant nous, nous nous y habituons. La mal vie aussi. Sinon, comment expliquerons-nous toutes ces émeutes, d’Alger, de Ghardaïa, d’Annaba de Tébessa ? De quelle manière compterons-nous résoudre la doléance, la revendication ou l’angoisse générale ? La vertu s’évertue publiquement à venir se compartimenter aisément et sans truc de conscience au sein même de nos méninges. Boites à conserver les soucis et les joies, les intrigues et les coups bas ; les cœurs n’ont plus de fibres sensibles. Ils domestiquent l’ennui quotidien comme la mauvaise méthode asservit l’initiative et la bonne intuition. Nous sommes dans l’œil d’un cyclone ! L’université cache mal la misère didactique qui l’érode. L’étudiant, nouveau ou ancien est vite situé dans un parcours de combattant plus ardu que celui que l’on attribue faussement au service militaire. Le choix est loin d’être une vocation. L’on laisse un logiciel intelligent mais inhumain et insensible gérer à son bon vouloir la vocation. L’étudiant n’est plus de la sorte un capital de savoir indépendant. Il est rapetissé à une unité statistique devant servir les cases d’un état d’inscription pour une année universitaire qui ne commence ; en fait jamais. Le recteur censé être le dépositaire d’une autorité scientifique, est devenu, lui aussi un administrateur de bons de commande, de jardinage et d’organisateur de galas et de fêtes. Sans nom, sans degré, cet état de déperdition de repères provoque des phénomènes tellement connus et sus qu’il ne réagit par surprise générale, qu’à l’occasion de pressions politiques, de marches populaires, de grèves ou de boycott. C’est dans son diamètre, conçu comme un salon restreint, que repose toute l’intelligence qui fait les pour et les contre de l’éruption. Il nous suffit en somme de bien regarder l’état économique de nos élus, de visionner lentement le planning politique de nos dirigeants et d’écouter régulièrement les râlements de nos cadres ; pour qu’on puisse se dire en face et avec courage des vérités pas bonnes d’être des vérités à dire. Quand la démission, face à la débandade est ressentie comme une désertion et la réunion, face à l’aridité des barrages est considérée comme une solution, il ne reste au pauvre citoyen que de souhaiter l’endurance de cet état avec un approfondissement dans le mécanisme de l’abrutissement social et une haute technologie dans le broyeur de bonnes et rares volontés. La période continue du cyclone n’a été qu’un ralentissement des activités intellectuelles et motrices dans le plan de la relance économique et une dépression au dessous d’un niveau zéro dans la bonne gouvernance. L’éclaircie ne semble pas pour demain et l’on attend le déplacement vers d’autres espaces jusque là indemnes et immunisés, de cette force violente, silencieuse et gangrénante dans le long terme. Les démissions se succèdent à la mise volontaire en retraite anticipée par ceux, rares qui continuent à croire en un probable espoir. L’on ne sent ni ressent plus ce plaisir de pouvoir continuer à servir L’Etat, tant que celui-ci se trouve entre des mains inappropriées. Le cyclone, phénomène naturel est aussi un dérèglement volontaire ou involontaire de la nature. Un caprice qui coûte cher Le contrat social de Jean Jacques Rousseau, base de toute l’évidence constitutionnelle offre un excellent ustensile où, il faudrait mijoter tous les ingrédients d’une bonne politique. Pourquoi donc pense t-on toujours que la politique ne se fait exclusivement que dans des salons et autres espaces de confort ? Est-ce une formule orthographique consacrée ainsi depuis l’apparition des bolcheviques ? Ou une rédaction bourgeoise, attrayante et amusante mais à forte connotation démagogique ? A moins qu’il ne soit question ; de cet ensemble ordonné de règles tacites et de savoir qui aide à gouverner scientifiquement les affaires publiques et celles de la cité ; la politique prendrait là, une sémantique emplie d’honneur et forçant la conviction. On ne décide pas sur un avenir en catimini. On l’expose au public, aux élus, aux représentants même mal élus. Ainsi les salons obscurs prennent réellement chez nous le décor maure d’un simple café de quartier, petit-princier, hors rang royal et loin du giron impérial. L’algérien fait de la rue son salon préféré, où pour faire de « l’agitation », il a recours au « chahut » des pots d’échappement, au vrombissement des cylindrées et à la clameur publique. Cette dernière, dans un salon, devient une discipline paroissiale. Mesurée, repensée et triturée ; la parole n’y est qu’une police de séance et un tour de table. L’obscurité n’est visible qu’au départ de la lumière. La magouille électoraliste, l’étai de candidatures et le SOS politique, les partis et l’opposition et tout l’autre lot de méfiance laissent les gens, ces sieurs détracteurs ou courtisans, cajoleurs ou froussards ; galoper et suinter sur les haies des principes, dans les champs de l’opprobre ou dans les faits des jours et des ans. La postérité retiendra dans les annales de ses épisodes, vaillamment les Hamza, les Saint Jean et les Lotfi, Benboulaid et Saâl comme elle retiendra sinistrement les Abou Lahab, les Judas Iscariote, et les Pétain. Et dans un passé très proche, elle retiendra chez nous, Hadj Messali son MNA et ses raisons ; Ferhat Abbas, son intégration et ses raisons ; Ben Bella son nassérisme et ses raisons ; Boudiaf, son PRS et ses raisons ; Boumediene son socialisme et ses raisons ; Zbiri, son coup d’éclat et ses raisons ; Chadli son ouverture et ses raisons ; Boudiaf ses 100 jours et ses raisons ; Zeroual son abandon et ses raisons ; et les autres leur raisonnement et raisons. C’est pour dire que l’histoire ne peut pas avoir de bon sens que par ceux qui la font. L’épouvantail de la fraude électorale, le spectre de la mafia du foncier le danger des « candidats ex-repentis » et autres vrais-fantasmes de la situation de l’école nationale, les débrayages ; les suicides, la harga, la hogra ne cessent d’alimenter les compartiments vidés des méninges de nos différents commis-politiciens. Chacun y va de son empreinte, chacun a une réalité qui n’est autre qu’une certaine vérité qu’il veut mordicus, opposer comme absolue à l’égard d’autrui. Le tort est chez lui quand la déraison le pousse jusqu’à déboulonner de son piédestal, le droit des autres, à la critique, au sens de la diversité et non de l’adversité et aussi à l’honneur de défendre leur honneur. Prenons l’exemple de monsieur Benbouzid. Ne lui suffit-il pas, pour partir ; ces éternelles grèves de PES, de lycéens, de parents d’élèves, de tergiversations de vacances, de jours de repos, de programmes scolaires ? Personne, en dehors de sa personne, n’est semble-t-il ravi de ses résultats. Que resterait-il à la politique si elle ne pouvait s’exercer que dans une obéissance virginale au son d’une cadence caporalisée ? La mutation de l’exercice politique d’un salon ténébreux vers un studio éclairé, ramènerait toutefois quelques brins de lueurs. Tamazight fut obtenu par la rue. Le secours de la technologie politicienne à l’aide du numérique ; fait des chauves-souris ; des êtres droits, éloquents et convaincants. Les reines des ténèbres ne craignent plus la levée du jour ni la naissance de l’aube. Voilà que les sangsues, les vampires viennent, vêtus de burnous de charité et de bonne aumône ; offrir tout à la fois, aux affamés de liberté, aux éventrés de morale, aux assoiffées de paix ; la liberté, la morale et la paix. Que ce soit dans l’obscurité des salons, dans la clarté des cafés ou aux fines crêtes des monts ; le « chahut » quand il provient des hommes combatifs et hommes peut provoquer un séisme à un degré élevé dans l’échelle de la révolution de Novembre. Ah si ce n’était novembre qui serait à l’origine de l’attache, le pays ferait dans la quête interminable de bornes d’attaches. Mais novembre est toujours là à voir surgir et resurgir, les rebelles d’hier, les ingrats d’antan, les arrivistes de ce jour, les apprentis sorciers et les prétentieux de tout bord. Ainsi pour ce personnel le pétement deviendra une fête.(thratt aâress). Alors, il est impératif que l’acte politique soit institué comme un ordre du jour que se partage quotidiennement l’ensemble des segments de la société. Le dialogue, l’écoute, et la bonne représentation tant élective que nominative se doivent également d’être une norme de gestion.il est futile de voir un bon wali à proximité d’un mauvais maire. L’inverse est vrai. Comme il est frustrant de voir un mauvais ministre à coté de bons directeurs d’école, de lycée, d’université, de santé, d’hydraulique, de culture, et de batati batata… Ils ne seront jamais au niveau de leur peuple… ces apprentis sorciers qui se mettent en droite ligne dans l’œil du cyclone tout en y mettant avec, la société ! par El Yazid Dib- (Le Quotidien d’Oran-22.10.09.)

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*La rixe aux allures de vendetta  

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Hier, c’est la Carrière Jobert (cette dénomination coloniale a décidément la peau dure pour avoir survécu jusqu’à ce jour) qui fait une descente vengeresse sur l’avenue Lotfi de Bab el Oued. Il n’y a pas si longtemps, Berriane, Debdeb (Illizi) et bien d’autres localités déferlaient sur leurs antagonistes pour laver, parfois par le sang, l’affront subi par l’un des leurs.

Rappelons-nous la rixe qui a opposé des supporters de Belcourt, en transit après un match de football, aux habitants d’une localité de Bouira. Ce sport qui devait originellement effacer les particularismes, est malheureusement entrain d’alimenter des chauvinismes primaires que l’on croyait à jamais révolus. Les incidents entre les galeries, réputées sportives pourtant, de Sétif et Bordj Bou Arréridj sont encore vivaces pour rappeler que les démons de la discorde peuvent ressurgir, à la moindre petite occasion. Des lutins malveillants sont constamment aux aguets, pour attiser les braises incendiaires. Il leur suffit de la moindre brèche pour entamer dans le vif du corps social.

 Généralement duelle, la rixe peut devenir interfamiliale et par effet de dominos, s’étendre au clan et à la tribu. Les motifs sont parfois tellement dérisoires, que l’entendement en est ébranlé à coups de pourquoi. A cette allure, nous ne sommes pas loin des guerres intestines et des razzias médiévales. Il est à noter cependant que cet instinct de guerroyer, cantonné traditionnellement dans certaines régions rurales de montagne ou de steppe, tend à investir la mentalité citadine jusque là indemne. Et, si dans le contexte rural, cette caractéristique rugueuse est au demeurant justifiable ; ancestralement due à l’hostilité du milieu environnemental, rien ne peut la justifier dans la cité. A ce titre et pour les besoins de la cause, le bras était armé d’un fusil de chasse. Cet armement participait à la défense des biens et de l’intégrité physique et morale en cas de tentatives attentatoires. La légitime défense, invoquée comme seul moyen de sauvegarde des biens et des personnes, autorisait de facto la transgression de la loi. Après le délit ou le crime de sang, l’affaire était prise en charge par les leaders du clan. Celui-ci était tenu pour responsable des agissements du ou des individus qui lui sont affiliés. La gestion de la discorde aboutissait généralement à l’arrangement amiable. Les préjudices subis étaient matériellement réparés, après avis religieux. L’instance judicaire n’intervenait que lorsque le litige était porté à son arbitrage ; la loi du silence pouvait occulter ou dissimuler les faits.

 Aujourd’hui, qu’est-il observé dans les nouvelles mœurs? Une déliquescence irréversible des repères socioculturels qui a abouti graduellement à la prééminence de l’individu sur le groupe. La notoriété matérielle a eu raison de l’honneur de la tribu ou du groupe. L’individu agit à son propre compte, assuré généralement de l’impunité, considérant que l’autre ne fait partie d’aucun groupe social dissuasif. Pour se prémunir des conséquences de son travers agressif, il s’entourera d’une meute de congénères sans forcément de lien parental. Ce lien sera de voisinage ou corporatif (rixe algéro-chinoise de Bab-Ezzouar). Le vol à la tire exécuté sous la protection du groupe solidaire, ainsi que le brigandage par parkings interposés, sont autant d’indices révélateurs d’une lâcheté sous jacente à l’acte de nuire à autrui. Les proies ciblées sont mises en minorité. Les personnes relativement âgées sont encore là pour rappeler, de la régence informelle du quartier. Les aînés intervenaient par mandat tacite, pour contenir les débordements des lignes rouges préalablement convenues. Le vol était prohibé dans le quartier, l’honneur des familles mutuellement respecté et l’entraide érigée en règle d’or. Il est vrai que le quartier urbain a connu, la même déstructuration sociale que celle de la campagne. L’exode en est le principal levain. L’évolution numérique du clan familial a contraint celui-ci, à l’éclatement d’où transfert, vers d’autres lieux d’habitat notamment collectif. Le déracinement inapparent, mais pourtant patent, c’est fait à tire d’aile. Les aïeux ne sont plus là, le droit d’aînesse bat de l’aile, le droit à « autodermination » fait une entrée tonitruante par le mode familial unicellulaire. Et, bonjour les dégâts !

 Les différends sont toujours tumultueux, ils ne passent jamais sous silence. Exhibitionniste, la clameur bruyante s’attire plus de badauds. Parmi ces derniers, certains ont payés chèrement l’ingérence bien intentionnée de leurs bons offices. Le désaccord d’abord étouffé est intradomiciliaire ; il s’annonce crescendo par le bris de vaisselle ou de vitres et enfin par des cris aigues consécutifs aux voies de fait. Les joutes se déplacent inévitablement sur le palier où les victimes, se réfugient pour échapper un tant soi peu la vindicte. Après un temps de latence d’une trompeuse accalmie, les hostilités reprendront dès l’arrivée du clan adverse. Là les clameurs fuseront d’abord de l’extérieur, pour envahir la cage d’escalier et s’engouffrer dans l’antre de l’agresseur. C’est maintenant au tour de ce dernier de recevoir, les onctions d’une correction bien menée, sinon une admonestation collectivement. Généralement ce n’est point le différent conjugal qui traînera les belligérants par devant les tribunaux, mais bien souvent les dommages collatéraux de la pomme de discorde : les effets de la rixe avec certificats médicaux pour coups et blessures volontaires à l’appui. Cette violence que d’aucuns prêtent volontiers à la rue, est le plus souvent de genèse familiale. Occultée par l’omerta, elle se projette à l’école ; dès lors elle est dans la rue. La femme en paye le plus lourd tribut ; il est de coutume de voir des jeunes filles, le visage ensanglanté, pour avoir réagit légitimement à des comportements machistes inconvenants. Le paradoxe génétique que traînent ces individus, ne leur fait aucune concession quand il s’agit, de l’honneur de leur propre sœur. Ils peuvent aller jusqu’à l’irréparable. Orgueilleux jusqu’à en mourir, ils ne partagent aucune règle de réciprocité. La fière appartenance tribale ne résistera pas à l’orgueil de la famille, qui telle la gente quadrupède a déjà tracé biologiquement son territoire. Au-delà de la famille, ce sera la vision étriquée de l’individu dans toute sa nudité mentale qui prévaudra, sur toute valeur sociale de partage. Des frères, hier collatéraux sanguins, ont soudainement entraîné, leur descendance dans des conflits fratricides. La cause en est le plus souvent, un arpent de terre ingrate. En ville, c’est souvent la mésentente dans une association bancale autour d’une table de marché, ou à cigarettes qui peut dégénérer en litige sanglant. Les forces dites de sécurité, sont elles prises dans le collimateur de cette hargne violente. Elles sont prises à partie dans les souks où mêmes dans les quartiers, pour tentative de maintien de l’ordre ; mission dont ils sont constitutionnellement chargés. Il se trouvera parmi certains éléments de la sécurité publique qui, craignant pour leur personne ou leur famille des représailles, se garderont de faire du zèle lors des missions commandées. La rixe n’épargne aucun lieu, fut-il emprunt de sacralité ; beaucoup de lieux du culte, des écoles et des hôpitaux en furent le théâtre. Il suffit d’un geste, d’une parole qui ne nous agrée pas, pour que la réaction fuse tel un détonateur. La suite, n’obéira à aucun contrôle dut-il faire intervenir les services chargés du maintien de l’ordre.

 Que se passe-t-il donc ? Un sentiment collectif de déni d’équité semble s’emparer de la communauté dans sa composante la plus vulnérable : la jeunesse. Non pas seulement celle réputée démunie ou marginalisée, mais aussi, celle qui roule en Hammur ! Faut-il ici reconnaître que le déni, n’est pas du seul exercice de la machine d’Etat, mais aussi d’un groupe humain sur l’autre, d’une communauté sur l’autre ou d’une individualité sur l’autre. Dans la famille, les droits les plus élémentaires font généralement l’objet conscient ou inconscient de déni. L’épouse, la sœur ou la fille en sont, le plus souvent, les victimes silencieuses. (Le Quotidien d’Oran-22.10.09.)

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** Jeux de hasard et de sang  

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Le jeu politique actuel dans notre pays, et dans bien d’autres contrées similaires, est comparable à celui du hasard : la baraka ainsi perçue par certains illuminés spéculant qu’elle à un rôle décisif tant au niveau de la conception de l’Etat, que de la manière d’accéder à sa direction, de se maintenir et, enfin, d’appliquer des « stratégies » de développement inscrites dans ce genre d’état d’esprit… hasardeux.

 Celui-ci est basé sur des postures aléatoires car puisant, d’une façon ou d’une autre, sa raison d’être d’une ancienne mentalité typiquement précoloniale, après pourtant tout ce décalage dans le temps et une lutte de libération nationale ardue et prometteuse aboutissant hélas aux solutions de facilité voire populistes, reproduite donc actuellement en comportement postcolonial caractérisé par une nouvelle forme d’aliénation existentielle ou le sens de l’Etat ainsi que celui de toutes ses actions de développement sont confondus avec le destin voire le bon vouloir d’un individu, d’une famille, d’un clan, d’un parti, d’une politique … Enfin, seul le sens du « barakisme » prévale et régit les relations entre les individus de la base au sommet de l’édifice sociétal, ou plutôt de ce qui semble l’être, ainsi soumis à toutes sortes de pouvoirs le plus souvent imposés à contresens des espoirs des gens pourtant, pour leur plupart, actuellement assez instruits et informés . Hélas vainement, affichent-t-ils, du moins pour le moment !

 Ainsi, pour les théoriciens de l’absurde voire de la facétie politicienne prospérant au sein des sociétés en mal d’inspiration, tout n’est que jeux de hasard y compris dans le domaine de l’édification d’un Etat solide et moderne expurgé des scories du passé lesquelles, malheureusement, restent vivaces voire actives au sein de certains peuples anciennement occupés et aujourd’hui préoccupés, quand à l’issue de leur nouvelle condition, du fait que leurs élites s’éclipsent souvent du champ d’actions, insiste-t-on, à cause d’une certaine forme de… «Colonisabilité» interne qui débute par leur démission voire leur manque d’imagination générant des effritements des efforts émancipateurs ouvrant par ce fait, selon le degré de maturité de chaque société, la voie à celle externe telle que décrite par le défunt érudit Malek Bennabi, et mise en exergue selon un autre point de vue exprimé par le philosophe français anticonformiste Jean Paul Sartre, et le militant révolutionnaire le psychiatre Frantz Fanon mort pour la libération de l’Algérie des damnés.

 Aux temps actuels et sur un autre plan, des laudateurs imposent par des chiffres fluctuants au gré des humeurs politiciennes, de l’autosuffisance en certains besoins sociaux et matériels dont alimentaires, balisées de surcroît à sens unique par le biais de discours claniques, rivales en sourdine jusqu’a l’exaspération des gens révulsés par leur clientélisme borné, souligne-t-on, sans qu’ils en tiennent compte d’aucune retenue, réalité ni logique, encore moins d’une approche réfléchie et structurée liée a de la bonne gouvernance, notamment socioéconomique, imaginée sereinement et mise en œuvre dans la durée par étape, planifiée sur 25 ans et plus dans les pays avancés, tout en être paré autant que possible contre les imprévus . En anticipation !

 Par contre dans des contrées comparables au notre, à l’image des pays arabes pour ne citer que ceux-là, seule la conjoncture et l’immédiateté voire la précipitation, au gré des sautes d’humeurs conjuguées aux convenances internes et externes du moment, régissent les politiques aussi bien liées à l’alternance du pouvoir dans lesdits pays arabes en général en mal d’inspiration, que celle du développement dans toutes ses composantes au profit de leurs contrées judicieusement aménagées dans ce sens et dans bien d’autres liés à la bonne gouvernance et non à celle de la mauvaise !

 « Sans l’aération et l’oxygénation qui apporte l’existence de vrais contrepoids, l’obligation d’avoir à rendre des comptes et des électeurs vraiment libres de choisir entre des offres multiples, ce pouvoir tourne au morbide et la régression guette ». Et plus loin : « Il y a bien quelque chose qui ne tourne pas rond dans ces républiques arabes. Un mauvais départ qui n’aboutit pas seulement à une mauvaise arrivée…, mais à une dangereuse tournure. Dans ces contrées soumises ou la démocratie et la diversité politique et idéologique sont neutralisées ou combattues, l’émergence de républiques héréditaires fait immanquablement le lit à l’islamisme politique et de lui seul. L’islamisme a été déjà la réponse à des décennies de régimes républicains à parti unique. Il le sera encore plus pour ces nouvelles républiques monarchiques. La logique est connue : un système totalitaire peut étouffer tout le monde, il n’étouffera pas la réaction par la religiosité : il confortera à lire et à répondre en termes religieux. Car il est clair que face à une fausse « offre » politique, ou les liens de sang servent de tremplin pour accéder au pouvoir, l’ offre religieuse pourra paraître singulièrement plus large, voire plus «moderne». Extrait de l’éditorial de M. K. Selim, intitulé révolutionnaire et « réac », paru au Quotidien d’Oran du lundi 19/10/2009. En milieu de cette semaine, des émeutes se sont déroulées dans un quartier d’Alger – Diar Echems – ou des meneurs ont scandé les slogans intégristes des années de sang. Lors des événements d’octobre 1988 le mouvement de protestation des jeunes dépités par toutes sortes d’injustice fut, également, récupéré le 10 octobre par la grande manifestation, du courant islamiste avec toutes ses «tendances», violemment réprimée par un bain de sang : Un double piége redoutable en action jusqu’ à l’heure actuelle avec d’autres «mécanismes» non moins dangereux comme signalés dans ledit éditorial ci-dessus mentionné.

 Le monde arabe est traversé actuellement par des extrémismes liés aux pouvoirs régnants ayant, paradoxalement, des similitudes frappantes. Tous sont arrivés à avoir des convictions que la continuité de leurs politiques – en vérité des pratiques rédhibitoires – ne pourraient être assurées que dans l’esprit du clanisme le plus étroit. En d’autres termes, celui des liens de sang et autres vaisseaux liés ! En effet, tout semble indiquer que les soi-disant républiques, bâties pourtant sur des bases autres que monarchiques, se rapprochent voire être irrésistiblement tentées par cette ambivalence des plus alambiquée.

 La prochaine décennie va être riche en événements liés à ces absurdités ! Enfin, de quelle nature est cette mouche qui les à piquer pour qu’ils s’engouffrent dans cette voie de tous les risques ? (Le Quotidien d’Oran-22.10.09.)

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*l’une des plus grosses affaires de dilapidation du foncier agricole…un commissaire de police impliqué…

C’est peut-être l’une des plus grosses affaires de dilapidation du foncier agricole qu’a eu à juger la Cour de Blida, et c’est aussi l’une des affaires qui a motivé les grandes enquêtes en la matière qu’a eu à traiter la Gendarmerie nationale à travers le territoire national. Nous nous souvenons tous des scandales découverts et rapportés par la presse ces dernières années. Il a donc fallu plusieurs mois d’enquête, d’instruction, de contrôle et d’expertises diverses pour que les accusés, au nombre de 22, soient envoyés devant le tribunal pour y être jugés. Il a fallu aussi plusieurs audiences pour que chacun d’eux reçoive le châtiment relatif au délit ou au crime commis. Des jugements ont été rendus, certains ont fait l’objet de cassation de la part des accusés et, au courant de la semaine dernière, c’était l’épilogue avec le jugement rendu à l’encontre de l’ancien commissaire et d’autres coaccusés.

L’affaire en elle-même remonte aux années 1999 à 2003 quand le P/APC de l’époque, le dénommé B.R. avait délimité des parcelles de terre agricole d’environ 2 ha au niveau de chacune des 5 EAC se trouvant sur le territoire de la commune de Douéra, soit au total 8 ha, et les a attribuées à des citoyens. Le choix et la délimitation des parcelles n’ont fait l’objet, d’après l’arrêt de renvoi, d’aucune autorisation ni des services des domaines, ni des directions de l’agriculture ou de l’urbanisme. C’était déjà contraire à la réglementation en vigueur, surtout concernant les terres agricoles. En plus, les enquêteurs ont découvert que les décisions d’attribution et les permis de construire y afférents n’ont pas été enregistrés au niveau de l’APC, ce qui constitue une autre entorse aux lois et réglementations régissant ce domaine. Questionné au sujet de ces actes, le P/APC a affirmé qu’il a agi conformément à la circulaire interministérielle n°42 du 26/12/1986 demandant aux APC de régler le problème des constructions illicites au niveau des domaines. La liste des bénéficiaires aurait été dressée lors d’une réunion des membres de l’APC, et des décisions nominatives d’attribution de parcelles ainsi que les permis de construire ont été rédigés aussitôt après. Le P/APC déclarera au tribunal qu’il avait porté les noms des bénéficiaires sur un registre spécial concernant la résorption de l’habitat illicite sur les terres agricoles. Il reconnaîtra en outre que ces bénéficiaires se divisaient en deux catégories : la première composée de citoyens qui occupaient des habitations précaires et illicites sur les terres agricoles ou dans les domaines alors que la deuxième catégorie se composait de citoyens étrangers à ces domaines mais qui avaient besoin d’une habitation, pour une raison ou une autre. Il ajoutera que cette catégorie se composait surtout de ceux qui n’avaient pas eu la chance de bénéficier d’un logement social ou d’un morceau de terrain. Il apprendra aussi au tribunal que les décisions et les permis de construire étaient remis aux bénéficiaires au niveau des parcelles attribuées, par le 3ème vice-président accompagné du délégué communal et du représentant du bureau d’études chargé de la délimitation de chaque lot de terrain. Enfin, il niera fermement avoir reçu une quelconque somme d’argent en contrepartie des décisions d’attribution. Pourtant les enquêteurs avaient découvert que certains acquéreurs, au nombre de 39, avaient acheté les décisions auprès du commissaire de police de l’époque, le dénommé B.M., pour des sommes variant de 40 à 50 millions de centimes pour chaque décision. Mais le président de l’APC n’en reconnaîtra que 10 qu’il aurait remises au commissaire et il affirmera que les autres étaient de fausses décisions. Outre à cela, des membres des EAC auraient bénéficié d’une parcelle de terrain pour la construction, d’autres non. Ces derniers, se disant lésés, se sont appropriés des parcelles d’environ 150 m2 chacune et ont érigé des habitations. D’autres citoyens, habitant déjà les lieux, ont déclaré avoir payé entre 40 et 70 millions de centimes des décisions d’attribution de parcelles de terre agricole à A.A., qui les aurait acquises chez des policiers qui lui remettaient les décisions à chaque fois qu’il avait un acheteur potentiel. Mais plusieurs acheteurs, bien qu’ils aient payé le prix du terrain, ont attendu fort longtemps sans que les limites ne soient définies, ce qui les poussera à exiger des explications de la part de A.A. Ce dernier se rendra chez le P/APC pour lui demander de procéder au parcellement mais il fut surpris par sa réponse : les décisions -datant de 2001 et vendues en 2004- étaient des faux, et le P/APC refusera de les entériner. Des dizaines de parcelles de terrain seront ainsi vendues deux à trois fois par des intermédiaires qui ont déclaré à la justice avoir acquis les décisions d’attribution chez B.M., mais que l’opération de délimitation tardait et les acquéreurs se montraient impatients. Après que le P/APC ait affirmé que les décisions étaient des faux, deux des intermédiaires déposèrent plainte contre lui et c’est ainsi que l’enquête ayant entraîné toutes ces arrestations débutera. Les enquêteurs découvriront que les parcelles de terre agricole avaient fait l’objet de plusieurs transactions entre le P/APC, le commissaire, des intermédiaires, des fonctionnaires et des citoyens. Chacun prendra un bénéficie consistant des transactions auxquelles il participera. À la première audience du tribunal criminel tenue au courant de l’année dernière, le principal accusé, le P/APC a été condamné à 6 ans de prison ferme alors que plusieurs de ses coaccusés ont été condamnés à des peines de prison diverses. B.M. ainsi que les trois intermédiaires ont été jugés par la suite et B.M. a été condamné à 6 ans de prison ferme. Il formulera un appel de la sentence et il a été rejugé au courant de la semaine écoulée. Son avocat, Me Boulefrad, fera valoir plusieurs lois et circulaires qui ont fait abandonner les accusations de trafic d’influence et d’association de malfaiteurs, en faisant valoir aussi la prescription de certains faits qui auraient été commis en 1999 alors que les poursuites n’ont été engagées qu’en 2006. Et c’est ainsi qu’à la fin du procès qui aura duré de 10 h à 20 h 30, B.M., fut condamné à 4 ans de prison ferme et 20 millions de centimes d’amende alors que les trois intermédiaires ont été condamnés à 3 ans de prison avec sursis et 20 millions de centimes d’amende chacun. (Le Courrier c’Algérie-25.10.09.)

   

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*A L’APPROCHE DES SÉNATORIALES, LOUISA HANOUNE DÉNONCE
«On a tenté de corrompre nos élus»

Des candidats potentiels usent de différents moyens pour assurer leur élection à la chambre haute du Parlement. La députation est devenue synonyme de fortune et d’enrichissement.

Les tentatives de corruption ont de multiples visages, notamment à l’approche des sénatoriales. Les partis politiques et leurs élus font l’objet de convoitises aussi bien des autres partis que d’hommes d’affaires, ambitieux de siéger à la Chambre haute.
«Nous avons des preuves», a fulminé Mme Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), pour dénoncer la tentative de «corruption» dont seraient victimes les élus de sa formation à l’approche des sénatoriales..«A l’approche des sénatoriales, nos cadres et militants dans plusieurs wilayas font face à des pressions et tentatives de corruption», a réitéré sur un ton ferme Louisa Hanoune, hier lors d’une conférence de presse au siège du Centre international de la jeunesse, à Sidi Fredj, Alger, sanctionnant la session ordinaire du conseil national. Ainsi, le contexte de l’achat de voix continue à gangrener le champ politique. Des candidats potentiels de formations politiques aux sénatoriales usent de différents moyens pour assurer leur élection à la chambre haute du Parlement. La députation est devenue synonyme de fortune et d’enrichissement. Cela donne un avant-goût de ce que sera le prochain renouvellement partiel du Conseil de la Nation, prévu fin décembre. Pour ainsi dire, la compétition sera âpre. Et il n’est pas exclu de voir se tisser des alliances que d’aucuns qualifient de «contre nature.» la fin justifiant les moyens.
A titre d’exemple, la conférencière dira: «A Ouargla, un candidat du FLN a proposé la somme de 100.000 dinars pour avoir les voix de nos élus.» Pour Mme Hanoune, ce genre de pratiques porte atteinte à la crédibilité des instituons de l’Etat. Au demeurant, l’oratrice a cité d’autres exemples. Selon cette dernière, «nos élus de Sidi Bel Abbès ont également reçu une autre proposition du même genre. Cette foi-ci, c’est un candidat du RND qui leur a promis la coquette somme de 300.000 DA». Les exemples ne manquent pas. Sur ce registre, Mme Hanoune cite le cas de la wilaya d’El Tarf. «Dans cette wilaya, c’est un élu du FNA qui a tenté de soudoyer les élus du PT.» En plus de ces tentatives de corruption politiques, les élus du PT auraient subi d’autres formes de pressions. «A Biskra, un militant du FLN a fait à l’une de nos militantes une proposition des plus indécentes.» Quel genre de proposition? Et Mme Hanoune de révéler: «Ce dernier lui a proposé d’accuser un autre militant du FLN de harcèlement sexuel.» Cela dit, Mme Hanoune a précisé: «Nous sommes conscients que ce genre de pratiques ne répondent, en aucun cas, à des directives émanant des directions nationales des différents partis cités.» Appuyant sa lecture, Louisa Hanoune laisse ouverte la porte des négociations à ces partis. «Seulement, ce genre de tractations doit se passer entre les directions nationales des formations politiques concernées», a estimé la porte-parole du PT qui soutient que, «nous sommes prêts à conclure des accords politiques avec tous les partis intéressés». Abordant l’actualité nationale, Mme Hanoune a souligné que seul l’Etat est habilité à fixer le Snmg. «Le Snmg est une norme. La fixation du Snmg est du ressort exclusif de l’Etat, le patronat n’a pas à y participer» souligne Louisa Hanoune. Pourtant, vendredi, Mme Hanoune avait proposé, au nom de son parti «un Snmg à 35.000 DA». Proposition contenue dans une correspondance adressée au chef de l’Etat, le 29 avril dernier. Et contre toute attente, le Parti des travailleurs compte lancer une campagne de sensibilisation autour du projet de loi de finances 2010. «Nous n’avons pas encore terminé l’étude de cette loi. Cependant, je peux d’ores et déjà avancer que ce texte marque une avancée pour notre pays.» Et Mme Hanoune d’affirmer: «Par rapport aux dispositions de la loi de finances complémentaire, le gouvernement n’a pas reculé.» Au demeurant, la conférencière a déclaré: «L’impératif est d’encourager le développement humain.»
Réitérant ses proposions traditionnelles, l’oratrice a appelé à consolider la cohésion sociale par des mesures urgentes et courageuses. Lesquelles mesures consolident la souveraineté nationale. Néanmoins, la responsable du PT dira: «La souveraineté du pays ne peut être assurée sans la consécration de la souveraineté populaire.» Lors de sa conférence, Mme Hanoune a insisté sur «la réforme politique profonde du pays par l’élection d’une Assemblée constituante.» C’est ainsi que la conférencière a posé «l’impératif de rendre le pouvoir au peuple.» (L’Expression-25.10.09.)

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*L’Algérie requise pour la paix mondiale
 

Voilà encore une nouvelle qui va «mettre en boule» nos détracteurs d’ici et d’ailleurs. Les Etats-Unis, par la voix de leur sous-secrétaire d’Etat pour le Moyen-Orient, Jeffrey Feltman, qui vient de nous rendre visite, sollicitent la médiation de l’Algérie dans l’affaire du «nucléaire iranien». Un dossier lourd, très lourd. Un dossier qui comporte l’important volet de cette interminable guerre au Moyen-Orient qui oppose les Palestiniens à Israël et qui hypothèque la paix dans le monde entier. Et si les Etats-Unis demandent l’aide de l’Algérie, c’est qu’ils reconnaissent déjà que notre pays a réussi à se faire une bonne place sur l’échiquier mondial. Dire qu’il y a à peine une décennie, nous étions des «pestiférés» mis en quarantaine par tout le monde. Comment ne pas être fiers, une fois de plus, du travail accompli par le Président Bouteflika qui a rétabli la place de l’Algérie dans le concert des nations?
Ceci dit, ce nouveau défi dans lequel les grandes puissances veulent impliquer l’Algérie, est autrement plus difficile à relever que tous les autres. Il faut rappeler, en effet, que notre pays est passé maître dans les médiations réussies dans différents conflits. De l’accord d’Alger en 1975 entre l’Irak de Saddam Hussein et l’Iran du Shah, qui a mis fin à leur guerre par Kurdes interposés, jusqu’à l’accord de cessez-le-feu signé en juillet 2008 (toujours à Alger) entre les autorités maliennes et les Touareg en passant par l’accord de paix entre l’Ethiopie et l’Erythrée signé en décembre 2000 (encore à Alger) et on en passe. Autant de médiations réussies qui incitent la communauté internationale à se tourner vers Alger pour se donner plus de chance à résoudre des conflits de plus en plus complexes. Comme c’est le cas dans l’affaire du «nucléaire iranien». Même si les grandes puissances sont impliquées dans ce conflit, il est clair qu’il oppose en premier chef Israël à l’Iran.
Le tour de force de l’Algérie dans la médiation sera de faire aboutir le dossier tout en n’ayant pas de relations diplomatiques avec l’un des belligérants, en l’occurrence l’Etat hébreu. Il est clair aussi que toute solution à un conflit passe par des concessions de part et d’autre. Il s’agira donc pour l’Algérie de convaincre les uns et les autres de la justesse des droits que peut revendiquer chacun des pays concernés. De les persuader à abandonner certaines de leurs positions qui font fi des droits de l’autre. D’amener la communauté internationale, également impliquée dans la recherche d’une solution, à mettre le doigt sur «la plaie» qui fait mal et qui bloque le processus de normalisation. La partie sera rude. Les Etats-Unis et les autres grandes puissances le savent. C’est pourquoi leur choix d’en appeler l’Algérie nous comble de fierté. Comme il oblige tous les Algériens sincères à participer à cette restauration de l’image de notre pays aux yeux de la communauté internationale. Comment? En s’interdisant le dénigrement. En s’efforçant de faire passer l’intérêt national au-dessus de l’intérêt personnel. De faire preuve de solidarité dans tous les actes qui dépassent nos frontières. L’attachement viscéral que nous portons à notre dignité prouve que nous en sommes capables.(L’Expression-24.10.09.) 

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*Sordides préoccupations des uns, désertion des autres

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L’exécutif bricole, les caisses de l’Etat sont pillées, les marchés flambent, les citoyens ragent, certains basculant dans l’émeute par désespoir. Le marigot politico-partisan n’a cure de ces contingences. La seule grande affaire qui occupe ses cercles, du moins ceux où la majorité présidentielle s’agite et magouille, c’est le prochain renouvellement en décembre prochain de la composante sénatoriale. Dans ce milieu, l’on est passé de la léthargie dans laquelle il a été plongé après l’élection présidentielle d’avril, à la fébrilité des moments de sordides tractations basées sur la vente et l’achat des voix des uns et des autres en perspective de ce rendez-vous. Que le pays soit en ébullition n’est pas pour inquiéter ce monde où l’ambition d’un fauteuil sénatorial est affaire qui prime sur les états d’âme que les simples citoyens peuvent cultiver en réaction à leur situation de laissés-pour-compte. 
 Même si elle n’a pas ce renouvellement sénatorial pour horizon dans son agenda, l’opposition a elle aussi d’autres fixations qui l’éloignent et la détournent des réalités qui agressent ces simples citoyens. 
 Il y a au final que dans le pays, l’on a un tête-à-tête pouvoir-peuple sans canaux de médiation possibles et crédibles. Faut-il s’étonner alors que des tentatives de récupération des explosions de la colère populaire aient lieu ? 
 Les partis de l’alliance présidentielle, leurs élus, tout au délice de profiter des prébendes que leur procure leur proximité d’avec le pouvoir en place et sachant le discrédit dans lequel ils sont au sein de la population, ne font même pas l’acte politique et civique minimal de tirer la sonnette d’alarme en direction des pouvoirs publics au sujet du climat lourd et délétère induit par les ratés d’une gouvernance aussi mauvaise qu’improvisée et toute en mépris à l’égard des attentes citoyennes. 
 L’opposition, quant à elle, a déserté le terrain. Ses récriminations contre le pouvoir, quand elle en exprime, sont totalement déconnectées du vécu populaire. Aussi, ce qu’elle dit et exprime n’intéresse nullement l’opinion et n’est pas pour lui attirer la sympathie et l’adhésion populaires. Comment dans ces conditions peut-elle aspirer à constituer une alternative à ce pouvoir qu’elle est censée combattre, alors qu’elle est incapable d’avoir l’oreille du peuple dans un conteste où une véritable opposition a matière à l’obtenir ? 
 Quoi de plus normal que des forces souterraines s’activent à combler ce vide que les partis et organisations sociales officiels ont créé par leur désintérêt des revendications populaires et leur désertion du terrain. 
 Le pouvoir maintenant unanimement contesté, la classe politique officielle entièrement disqualifiée, la voie est propice à la manipulation qui veut pousser le mécontentement populaire dans les bras de l’extrémisme, dont on sait quels sont les objectifs et le projet de société. par Kharroubi Habib(Quotidien d’Oran-24.10.09.)

******Diar Echems

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Les journalistes parlent-ils trop de Diar Echems, de ses jeunes en émoi et en émeute et… de son imam qui appelle au calme uniquement parce que cela se passe à Alger ? La question est triviale. Les journalistes sportifs s’occupent de football, les culturels s’occupent de la culture s’ils en trouvent. Quant aux journalistes qui s’occupaient du peu de politique qu’il a pu y avoir en ce pays entre l’intermède d’octobre 1988 et le point final de janvier 1992, ils ont bien fini par constater, de guerre lasse, qu’ils ont perdu leur objet. 
 Dans ce pays, il n’y a plus de politique. L’Etat a décidé que c’est trivial, inutile même s’il faut bien accepter, pour satisfaire les étrangers, de mettre en place une scène politique ornementale. Mais en définitive, les journaux ont fini par se rendre compte – bien après les lecteurs, il faut le reconnaître – qu’il n’y a rien de passionnant à suivre les sombres péripéties des redresseurs redressés au sein du vieux FLN, de la guerre de position sur-gérée au sein du MSP ou des problèmes de préséance au sein de la présumée alliance présidentielle. Ni le saint vendredi, ni les langues nationales, étrangères ou vernaculaires, et encore moins les cultures ne passionnent. 
 Ceux qui sont chargés – et rétribués – de participer à l’illusion de la vie politique sont fatigués de sur-jouer pour faire croire que ce qu’ils font n’a rien de trivial. Même ceux-là n’ont pas grand-chose à dire et se taisent en général en attendant d’être convoqués à la prochaine convocation du corps électoral… 
 Quand on se souvient de la surpolitisation du pays après les émeutes d’octobre 1988 et qu’on la compare à la dépolitisation ambiante actuelle, on peut créditer le pouvoir d’une réussite totale et absurde. Si totale que face à des émeutiers en colère qui ne se reconnaissent ni dans le FIS, ni dans le père, ni dans ses vagues cousins, des responsables en soient à rêver d’avoir de bonnes associations de quartier à qui parler… 
 La lecture de la dépêche APS où l’on indique que le ministre de l’Intérieur souligne l’importance de revoir le rôle des associations de quartiers afin que ces dernières puissent accomplir leur mission avec «plus d’efficacité et de crédibilité», a en effet de quoi surprendre. Elle est juste. Sauf qu’on ne voit pas comment on peut avoir de bonnes associations «efficaces et crédibles» quand on ne veut pas avoir de vrais partis politiques, quand on persiste à ne pas accepter des syndicats autonomes et quand on ne supporte pas – ce n’est qu’un exemple – que la Ligue des droits de l’homme organise une rencontre dans un hôtel ! 
 La stérilisation du champ politique a été réussie. Les intellectuels ne s’en mêlent plus, les chefs de partis s’occupent de contrôler l’appareil en attendant qu’on leur fasse signe. Qui a fait de la politique en ce pays ces derniers mois en dehors du pouvoir ? Presque personne, sauf à prendre pour de la politique les prises de position des patrons après les mesures décidées dans le cadre de la loi de finances complémentaire… 
 L’Algérie est presque devenue, comme certains le souhaitent absurdement, une Tunisie «tranquille». C’est pour cela que des journalistes croient que Diar Echems ne relève pas du sport ou du sécuritaire, mais bien de cette chose triviale qui s’appelle «politique». par K. Selim (Q.O.24.10.09.)
 
 

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**Les riches mâles heureux et les pauvres malheureux

 Au lever du soleil de l’Algérie indépendante officiellement le cent-trente-deuxième anniversaire de la mission «civilisatrice» – quoique les banlieusards revendiquent un statut martien ! -, et sans la levée des rideaux, les acteurs «initiés» jouèrent, sans tarder, leurs rôles dans les coulisses des biens vacants stratégiquement situés, en l’absence tant du metteur en scène, préoccupé par le casting des sièges, que des spectateurs insoucieux des pièges, occupés par Tahia Eldjazayer… Les quelques familles notablement riches se sont vues, dès lors, dépossédées de leurs terres par une révolution agraire basée sur des «fiches», Cheayeb Lekhdim, tout comme Aïni sa biche, étant loin de comprendre la triche, crurent tant aux miraculeuses trois révolutions qu’au slogan, sésame de caution, « a terre a celui qui l’a travaille !», quelle magique potion !?… Et ainsi naquirent les bénéfices des SONA-en-faillite (à l’époque on manquait de Hittistes) décernés – poudre aux yeux oblige ! – comme marque de distinction, n’en déplaise aux transfuges, tant à la paresse qu’à la médiocrité (travail, dites-vous ! et le pétrole, quelle utilité !?), générative et transformationnelle d’une nouvelle société, en quête de repères «pour une vie meilleure» ! Octobre quatre-vingt-huit, quoique salvateur, engendra une imprévisible suite, qui multiplia – paradoxalement ! – corrompus et corrupteurs… ! Et l’obscurité fut ! Le chiffre des quelques millionnaires se métamorphosa en milliers d’heureux milliardaires dans une riche société qui licencia les malheureux smicards. D’où avaient-ils eu toutes ces curieuses richesses, comptabilisées en plusieurs zéros ? C’est là une question qui hante sans cesse, bon nombre des spectateurs de ces nouveaux héros ! Couvés curieusement dans le froid, et dès l’éclosion de l’œuf de la démocratie, s’autoproclamant en ayant-droits, en plumage tout-neuf, loin de toute méritocratie, les Ali Baba et consorts, s’accaparèrent des trésors…au point où les colonnes journalistiques sont dubitativement dépassées par les statistiques !? En effet, le syndrome «Madame Dalila», qui fut maladroitement diagnostiqué, par un calcul de vingt-six milliards trop compliqué, atterrit, pour une show-autopsie, sur la barre de Blida où déferlèrent les gros calibres assumant mais en témoins ! Ce n’est que la partie visible de l’iceberg ? Malheureusement! L’on est tenté d’y croire fortement ! Les secrétariats généraux des souverains portefeuilles, piégés par leurs malsains portefeuilles, sont là pour confirmer cette grippe koursine… Pauvre et malheureuse dans le pays du pétrole, une jeunesse insoucieuse embarque sur des rafiots qui coulent ! Suçant, tels des vampires terrés dans leurs niches, le sang de notre mère la terre, les monstres à tentacules camouflés dans le bal masqué des riches, délocalisent les détournements en outre-mer, impunément dans des banques qui savent se taire !? (Le Quotidien d’Oran-22.10.09.)

  
 
********************************** **La douane submergée par les scandales de corruption

Des scandales à répétition écornent la réputation de cette omnipotente administration fiscale censée protéger l’économie nationale, contrôler les flux commerciaux et renflouer les caisses du Trésor. Image surfaite, produit d’une exagération collective ? Peut-être. L’opinion, elle, sait parfois se montrer intraitable dans ses jugements. Les Douanes ? Un des milieux les plus corrompus que je connaisse. Je ne parle pas du simple douanier qui fait passer quelqu’un pour un savon ou un paquet de cigarettes, je parle des chefs qui brassent des milliards avec la bienveillance de l’Etat. Je parle des containers qui disparaissent des ports sans laisser de trace. »Ce tag au vitriol – il en existe des milliers d’autres – laissé par un internaute sur un forum de discussion algérien résume toute la charge négative que peut véhiculer l’administration des Douanes. Les douaniers, s’amuse-t-il, « n’aiment pas partir à la retraite ! ». Une carrière dans les Douanes, même brève, fait rêver de nombreux jeunes algériens tentés par l’ascenseur social. L’enrichissement rapide de certains agents douaniers fait tache d’huile et a parfois valeur d’exemple. Après 5 ans passés en prison, Smail, ancien inspecteur des Douanes, la cinquantaine, sort persuadé désormais de « mériter » de jouir des biens mal acquis durant sa courte carrière. Le douanier tirera plusieurs fois le « gros lot » grâce à son poste au niveau d’un port du centre du pays. Un poste « juteux », une « machine à cash ». Pour chaque container dédouané sans subir les vérifications d’usage, le douanier touche une mirobolante commission. « Mais avant de me faire prendre, j’ai eu largement le temps de mettre ma famille à l’abri du besoin pour les cinquante prochaines années ! », dit-il sans le moindre état d’âme. L’enrichissement fulgurant d’agents et de cadres, symptomatique du mal qui ronge l’institution douanière, fait scandale. « Il est indécent, honteux que des agents qui entament à peine une carrière puissent mener, sans rendre de comptes, un fastueux train de vie, rouler carrosse et s’acheter des résidences haut standing », réagit un ancien haut responsable des douanes. La corruption étalée impunément au grand jour est-elle pour autant l’avatar exclusif de cette institution ?

L’omerta, une règle d’or

« La corruption est là, elle existe, mais pas avec les proportions qu’on lui prête. Il serait en effet erroné de se focaliser uniquement sur les Douanes et oublier des nids de corruption encore plus importants », avertit le haut responsable. « A des degrés variables, toutes les douanes du monde sont touchées par la corruption. Je ne dis pas que chez nous la corruption est moins importante, moins grave, je dis que les grosses commissions sont à chercher plutôt dans des secteurs comme l’énergie, les mines, les gros marchés de travaux publics, etc. » Les Douanes ont beau être aux avant-postes d’une économie mono-exportatrice, importatrice de presque tout (les importations ont dépassé les 40 milliards de dollars en 2008), elles demeurent néanmoins à la « périphérie » de la grande corruption. « Seulement 13% des importations passent réellement sous le nez des Douanes, indique-t-il. Les 87% qui restent et qui représentent essentiellement les biens d’équipements leur échappent complètement et font l’objet de tractations à un autre niveau. » Secret de polichinelle, la corruption ne fait pas moins grincer des dents. Il est presque tabou d’en parler. L’omerta, la loi du silence, est dans le « milieu » une règle d’or. Une règle de survie. Le sort réservé aux rares « gorges profondes » des diwana aura valeur d’exemple. Abdelkader Souhabi a vu son monde s’écrouler depuis qu’il a osé faire éclater, au début des années 1990, l’esclandre D-15. L’affaire dite des D-15, qui fait référence aux fumeuses autorisations douanières permettant aux importateurs de faire transiter par l’Algérie les marchandises destinées aux pays africains ou maghrébins, n’est à ce jour pas tirée au clair. Les containers bourrés de marchandises diverses, véhicules, armes, alimentaient en réalité les circuits de la contrebande en Algérie, avec la bienveillante complicité de douaniers. Les révélations sulfureuses de l’ancien inspecteur des douanes de Blida le conduiront droit dans le box des accusés pour faux et usage de faux, puis à l’exil. « Je vis depuis comme un ermite », nous avoue-t-il. Suspendu de ses fonctions pendant de longues années, il n’a été réhabilité que récemment. Ce qui est scandaleux, fait remarquer Salima Tlemçani, c’est de constater qu’aucune des grandes affaires impliquant les Douanes ne sont suivies d’effets réels. « Dès qu’un scandale éclate, comme ceux, nombreux, qu’on a eu ces vingt dernières années, aussitôt se met en place une sorte de solidarité institutionnelle. Souvent, c’est la justice qui se charge d’étouffer ces scabreuses affaires. Les dénonciateurs se retrouvent dans le box des accusés alors que les auteurs du crime sont maintenus à leurs postes, parfois promus par leur hiérarchie, et ce quand bien même ils pouvaient être sous le coup de condamnations comme c’est effectivement le cas pour certains », observe la journaliste d’El Watan, auteur de nombreuses enquêtes ayant mis à nu certaines pratiques frauduleuses impliquant l’institution des Douanes.

Le bras long de la maffia

La peur, la crainte des représailles, le bras long de la « mafia politico-financière » étouffent toute velléité de porter sur la place publique des faits liés à la corruption. Suspicieux, nos différents interlocuteurs, des intervenants dans la sphère interlope du commerce extérieur, ravalent leur langue, pèsent chacun des mots qu’ils prononcent. « Mais c’est une maison de verre, les douanes ! Une institution de l’Etat qui ne peut admettre des corrompus dans ses rangs », répond, sarcastique, un commissionnaire en douane. La simple évocation du mot « corruption » fait dresser les cheveux de certains. « Mais qu’avez-vous, vous la presse, à seriner à longueur de journée ces histoires de corruption ? Dites à ceux qui vous ont envoyé que nous n’avons pas de corruption chez nous ! », s’offusque le président de l’Union nationale des transitaires et commissionnaires en douanes, Lefgoum Bachir. Dans un audit réalisé à Alger du 19 au 29 mars 2007 par deux de ses experts, l’Organisation mondiale des douanes (OMD) épingle les Douanes algériennes. Le rapport, commandé par le directeur général des Douanes, met le doigt sur un certain nombre de pratiques en vogue, dont la corruption. L’OMD use de qualificatifs soft et épurés pour désigner la corruption : « Des mesures d’accompagnement (pots-de-vin, ndlr) sont versées tout au long du circuit de la déclaration en douane », observent les experts de l’OMD. (lire encadré). « L’administration des douanes – volontairement sous-administrée, sous encadrée et sous-équipée – est au cœur des pratiques de la corruption, une de ses ”sphères” privilégiées », souligne le représentant de la section algérienne de Transparency International, Djilali Hadjadj. Le président de l’Association algérienne de lutte contre la corruption identifie plusieurs formes élémentaires de corruption au sein des Douanes qui, dit-il, « s’inscrivent dans un continuum reliant idéalement deux pôles opposés, celui de la transaction et celui de l’extorsion et de l’accaparement privatif ». Hadjadj parle de « dyades corruptogènes ». « Les enquêtes de terrain menées par notre association montrent qu’au-delà des transactions occasionnelles, les partenaires – réseaux de corruption-douanes – cherchent fréquemment à pérenniser les transactions corruptrices, autrement dit à les transformer en relations sociales stabilisées de type ”clientéliste”. C’est le cas des ’’couples” formés par les commerçants-importateurs et les douaniers : la longue fréquentation, le partage des mêmes lieux de travail et la maîtrise des mêmes systèmes normatifs créent des espaces de collusion et favorisent le développement de véritables dyades corruptogènes où les relations monétaires sont noyées dans les relations de proximité (échange de faveurs, invitations réciproques…) », explique-t-il. Les « réseaux de corruption » ne se contentent pas de recruter parmi les cadres et agents douaniers, ils ratissent large. Le transitaire, de par sa connaissance parfaite des « hommes-clés » au niveau des services douaniers, est une des pièces maîtresses du système. « C’est lui qui négocie, parfois règle, pour le compte du client, les marges à verser », affirme un transitaire. « Dans la sphère du commerce extérieur, la corruption est la règle et non l’exception. Elle est quasi institutionnalisée. Organisée en réseau, elle met à contribution douaniers, membres des services de sécurité et même de simples employés des ports et aéroports. Tout ce beau monde se sucre au passage, y compris parfois le gardien posté à la sortie du port ou le manutentionnaire à qui il faut ”graisser la patte” pour hâter le chargement d’un container », ajoute-t-il. « Cela ne fait pas de nous des corrupteurs en puissance, au contraire, nous sommes les dindons de la farce, les maillons faibles du système. »

L’industrie du « faux »

En plus du gel des nouveaux agréments par l’administration douanière depuis 2006, plus de 600 transitaires auraient été suspendus ces dernières années. Une corruption systémique et généralisée, doublée d’une utilisation en quantité industrielle du « faux ». En août dernier, lors d’une journée d’étude tenue à Alger, les transitaires et commissionnaires en douane ont tiré la sonnette d’alarme. Faux registres d’importation, fausses déclarations, fausses domiciliations bancaires, fausses procurations, location de registres… les transitaires se disent assaillis par les faux documents. L’introduction, en janvier 2008, du « mandat », le « lien juridique » entre le transitaire et l’opérateur économique (importateur ou exportateur) et l’institution en 2006 de la déclaration des éléments de la valeur (DEV) n’ont pas apporté plus de clarté à la relation déjà fort ambiguë qu’entretiennent le trio commerçants-importateurs, transitaires et douaniers. Tout comme les « opérations mains propres » menées tambour battant par les directions successives des Douanes, qui ont fait chou blanc. Abdelmadjid Mehrèche, inspecteur général des Douanes, révélait à la presse, fin mai dernier, que plus de 200 douaniers, agents et cadres, impliqués dans des affaires de corruption, avaient été arrêtés, mutés ou rétrogradés dans le cadre d’une campagne de lutte contre la corruption. Deux jours après cette annonce, les douaniers espagnols donnent l’alerte : le scandale des transferts illicites de devises à l’étranger éclate et éclabousse au passage l’institution douanière, qui se révèle complètement dépassée par l’ampleur des détournements financiers. Entre 2007 et 2009, 900 millions d’euros ont été transférés frauduleusement par des hommes d’affaires sulfureux, industriels, importateurs, commerçants ou simples passeurs de devises. Des cabas bourrés de centaines, voire de millions d’euros, parviennent à déjouer avec une déconcertante facilité les contrôles douaniers de cinq ports et aéroports du pays. Mais ce n’est là, sans doute, que la partie émergée de l’iceberg. Combien d’autres centaines de millions (ou milliards) d’euros ont emprunté les même circuits ? L’enquête ouverte par l’administration des Douanes n’a toujours pas rendu ses conclusions. (El Watan-28.10.09.)

****Les opérations « mains propres », de la poudre aux yeux ?

« Les opérations mains propres, une chasse aux sorcières, de la poudre aux yeux » ? L’ex-secrétaire général du syndicat des Douanes, Ahmed Badaoui, ne fait pas que douter des intentions des pouvoirs publics de lutter contre la corruption.« Il n’y a, dit-il, aucune volonté politique de lutter contre la corruption, encore moins d’assainir la sphère du commerce extérieur, gangrenée par la grande corruption et les intérêts maffieux. » Près de 10 000 faux importateurs ont été identifiés par l’administration fiscale en janvier 2009. Les fraudeurs utilisent des prête-noms et des registres du commerce loués ou falsifiés. Le nombre est effarant, comparé à celui des importateurs légalement établis (plus de 24 000). Le chiffre émane de la direction de la législation et de la régulation de l’administration des impôts. En 2007, il a été enregistré quelque 50 000 opérateurs en activité dans le commerce extérieur. Chasse gardée des dignitaires du régime depuis sa libéralisation, au début des années 1990, intarissable mamelle pour les insatiables barons de l’importation, le commerce extérieur est peuplé, d’après l’ex-syndicaliste, par une « faune » d’affairistes, importateurs frauduleux, commerçants sans scrupules, etc. « L’administration des Douanes continue à considérer cette faune comme un partenaire. Comment, dès lors, s’étonner que la corruption prenne de telles proportions ? », s’interroge l’ancien inspecteur divisionnaire des Douanes. 

Faute d’obtenir du pouvoir politique l’assainissement (hypothétique) de la sphère du commerce extérieur, l’administration des Douanes multiplie les campagnes de lutte contre la corruption. « Il y a eu beaucoup de licenciements. C’est un travail que nous effectuons en profondeur et en silence car cela touche l’intégrité des personnes », déclarait à la presse, en décembre 2008, M. Bouderbala, directeur général des Douanes, qui explique le développement de la corruption par le contact facile entre douaniers et opérateurs économiques. « Outre les poursuites directes contre le contrevenant, nous prévoyons la mise en place de procédures informatisées où la main de l’homme sera réduite à sa plus simple expression. Tout se fera à la machine », avait-il annoncé. En janvier de la même année, M. Bouderbala avait eu déjà à décliner son plan de modernisation 2007-2010. « La modernisation des moyens de travail et des méthodes de gestion de l’institution avec la transparence requise, la réhabilitation et la crédibilisation de l’institution, la consolidation de l’éthique douanière, le développement des ressources humaines et de la formation sont également des moyens de lutte contre la corruption ». « Plus de 20 mois plus tard, on n’a rien vu de tout cela », observe Djilali Hadjadj ! Sujet à blocages ou otage de luttes sourdes d’intérêts maffieux, les « programmes de modernisation » des Douanes, lancés en fanfare par Brahim Chaïb Cherif (directeur général des Douanes 1993-2001), Sid Ali Lebib (2001-2006) et Abdou Bouderbala (2006 à ce jour) n’iront pas au-delà des bonnes intentions exprimées. L’affaire du scanner « géant » du port d’Alger, en panne perpétuelle, illustre l’incurie ambiante. « Le scanner a beau fonctionner correctement, il ne serait d’aucune utilité si ceux qui le font marcher ne veulent rien voir », commente un ancien haut responsable des Douanes. La mise à jour programmée de l’ensemble des activités et moyens des douanes à laquelle l’Etat a consacré une enveloppe de 10 milliards de dinars (acquisition d’hélicoptères, de scanners mobiles, informatisation, recrutement et formation de personnel, réforme des cadres réglementaires, du code des Douanes notamment) saura-t-elle pour autant nettoyer les écuries d’Augias ? Pas si sûr. (El Watan-28.10.09?)

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 *La vérité rattrape toujours le mensonge
 

Il en aura fallu du temps pour entendre enfin une voix officielle reconnaître l’existence d’un problème qui perdure depuis l’Indépendance et qui est dû essentiellement au manque de rigueur. Pendant toutes les décennies où les ménages algériens ont souffert le martyre à cause de la pénurie d’eau, toutes les causes (sécheresse, fuites des canalisations, pannes de stations de pompage, travaux de raccordement, etc.) ont été avancées par les responsables. Chaque fois que la presse ajoutait parmi les causes, l’envasement des quelques barrages qui existaient à l’époque, les responsables s’empressaient de démentir. Il aura donc fallu plus d’un demi-siècle pour se défaire de la politique de l’autruche. Le mérite revient au ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal qui, dans un entretien accordé hier au Quotidien d’Oran, a formellement reconnu que «le problème (de l’envasement) demeure (c’est-à-dire qu’il a toujours existé)…la seule solution contre le problème d’envasement des barrages est d’arriver…à reboiser l’ensemble des bassins versants des barrages». Oui, il a du mérite notre ministre d’avoir dit la vérité car quand, en temps de bonne pluviométrie, les responsables de l’époque n’hésitaient pas à pérorer que les barrages sont pleins à 70% (par exemple), en réalité ces barrages ne contenaient au mieux que 20% d’eau, le reste étant de la vase. Et ainsi, de décennie en décennie, les ministres qui se sont succédé depuis l’Indépendance ont tous voulu nous mener en bateau pour masquer leur impossibilité à régler un problème aussi simple que celui de planter des arbres. Même très simple, car il suffit d’intégrer le reboisement des bassins versants dès le démarrage des travaux de réalisation du barrage. Ce qui est loin d’être sorcier. Sauf que les barrages font partie des prérogatives d’un ministre et le reboisement relève d’un autre ministre. Tout est dit, nul besoin d’en rajouter. Pour en finir avec ce problème et si les moyens publics ne suffisent pas pour tout reboiser en temps voulu, pourquoi ne pas faire appel au volontariat? Des scouts, des pompiers, de la population…Les moyens existent. Il faut seulement aller les chercher là où ils se trouvent. Avoir laissé le problème perdurer si longtemps uniquement pour laisser «la poussière sous le tapis» rend les prédécesseurs de M.Sellal coupables devant l’Histoire. Le retard accumulé rend aujourd’hui la facture du désenvasement faramineuse. Il est vrai que la bataille de l’eau a été gagnée par la multiplication des barrages et autres retenues collinaires depuis une décennie, il n’en demeure pas moins vrai que l’envasement a accentué la pénurie qui a prévalu durant les décennies précédentes. Maintenant que l’eau coule dans nos robinets, disons comme M.Sellal dans sa conclusion: «Il vaut mieux en rire qu’en pleurer.». (L’Expression-26.10.09.)

 



5 commentaires

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