la crise de la presse

**Tempête sur la presse

*Le Monde Diplomatique-par Serge Halimi, décembre 2012

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« Des moulins à paroles dans un studio coûtent moins cher que des équipes de reporters au Proche-Orient. » Comment ne pas avoir à l’esprit cette observation d’un analyste des médias quand le quotidien espagnol El País supprimait le tiers de ses emplois de journaliste, et au moment où l’attention du monde se tournait à nouveau vers Gaza ?

Depuis quelques semaines, la crise de la presse a changé de rythme. L’hebdomadaire américain Newsweek vient d’annoncer l’arrêt de son édition papier le 31 décembre 2012, prélude à un « format entièrement numérique ». Comme souvent, ce « développement » s’accompagnera d’une charrette de licenciements : « Malheureusement, a prévenu la direction, nous prévoyons de réduire nos effectifs (…) de journalistes aux Etats-Unis et à l’étranger (1). » La situation allemande se dégrade à son tour : coup sur coup, les quotidiens Frankfurter Rundschau et Financial Times Deutschland ont annoncé qu’ils cessaient de paraître.

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Le tableau n’est pas très différent en France (2). Deux quotidiens nationaux, France-Soir et La Tribune, ont déjà disparu cette année ; l’hebdomadaire Témoignage chrétien, né dans la Résistance et qui fut à la pointe de nombreux combats progressistes (opposition à la guerre d’Algérie, à l’ordre moral intégriste, etc.), doit espacer ses publications pour devenir mensuel dès janvier prochain.

Le réseau de distribution souffrait des conditions de travail et de rémunération éprouvantes des fantassins des points de presse, kiosques et marchands de journaux. Il menace cette fois de s’affaisser brutalement sous le choc de la dégradation continue des ventes au numéro. Or déjà, comme le signale Jean Stern dans un livre éclairant sur la presse, « dans de nombreuses communes de banlieue, en dehors du Relay de la gare RER, souvent fermé dès 18 heures, il est difficile de trouver un marchand de journaux en semaine, et pratiquement impossible le dimanche (3) ».

Face à cette tempête, la plupart des titres balancent entre deux tentations, et parfois y cèdent simultanément. Celle de se transformer en journaux semi-gratuits, qui offrent au lecteur des prix de dumping grâce à la sollicitude des annonceurs ; et celle de devenir des publications semi- subventionnées, grâce à la cagnotte des aides publiques. Semi-gratuits : comment qualifier autrement des magazines d’actualité générale bradés par abonnement 1 euro le numéro, avec cadeaux en prime (4) ? Semi-subventionnés : les aides publiques à la presse représentent près de 12 % du chiffre d’affaires de ce secteur ; presque aucun titre ne survivrait sans elles. D’où ce paradoxe exquis qui métamorphose nombre de propagandistes du libéralisme le plus pur et des coupes budgétaires les plus dures en poupons gloutons collés au sein de la « mamma étatique ». Grâce à un envoi postal largement financé par les contribuables français, les abonnés du quotidien Les Echos, propriété de M. Bernard Arnault, première fortune d’Europe, viennent ainsi de recevoir un supplément rédactionnel de 547 grammes très difficile à distinguer d’un gros catalogue publicitaire de fin d’année. Le gouvernement a d’ailleurs promis que l’argent public trouverait bientôt des destinations plus conformes à son objet : la défense d’une presse indépendante.

Mais Le Monde diplomatique compte avant tout sur ses lecteurs. Depuis 2009 et le lancement de notre première campagne en ce sens, nous avons reçu 4 582 dons pour un montant total de 500 440 euros. Cet apport décisif nous a permis de continuer à consacrer des sommes importantes à des enquêtes et à des reportages, y compris dans des pays que négligent la plupart des autres rédactions.

Au cours des mois qui viennent, avec votre soutien, nous continuerons à défendre un journalisme qui refuse à la fois les engouements béats et le commerce de la peur.*Serge Halimi, décembre 2012

(1) The New York Times, 18 octobre 2012.

(2) Lire « “On n’a plus le temps…” », Le Monde diplomatique, octobre 2012.

(3) Jean Stern, Les Patrons de la presse nationale. Tous mauvais, La Fabrique, Paris, 2012.

(4) C’est le cas, par exemple, du Nouvel Observateur, de L’Express et du Point, dont la diffusion payante annoncée repose à près de 80 % sur des abonnements à des tarifs sacrifiés.

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**des milliers de journaux déversés dans la rue à Paris

Ce sont des milliers d’exemplaires de quotidiens nationaux qui ont été déversés sur la chaussée, lundi 24 octobre, à Paris. Le but de cette action coup de poing menée par des syndicats était de protester contre des plans de licenciement dans la presse écrite.

Les journaux, des exemplaires du Parisien et de France Soir, ont été jetés sur la chaussée, rue La Fayette, où la circulation était bloquée, devant le siège de l’organisation patronale le  Syndicat de la presse quotidienne nationale.

Les syndicats avaient appelé à un rassemblement afin de protester contre l’annonce de plans sociaux récemment engagés à France Soir, à La Tribune et au Parisien/Aujourd’hui en France. L’action était menée par le comité Inter CGT, qui réunit Info’Com-CGT (journalistes et personnels dans les journaux), le SIP-CGT (imprimerie) et le CGT-SPPS (distribution).

« ON VEUT METTRE LE PAPIER À LA RUE »

« Cette action est symbolique car on veut mettre le papier à la rue comme à France Soir et à La Tribune. C’est un gâchis. On est conscients que le numérique est incontournable, mais le modèle tout numérique n’est pas économiquement viable », a indiqué Romain Altmann, responsable de la communication du syndicat Info’Com-CGT.

La direction de France Soir, au bord de la faillite, a récemment annoncé son intention d’abandonner la version papier, en décembre, pour se limiter au seul Web, supprimant de fait les trois quarts des emplois, ce qui a provoqué un tollé syndical.

La direction du Parisien/Aujourd’hui en France a quant à elle présenté un large projet de réorganisation du journal dans le cadre d’un plan de relance de 30 millions d’euros, avec quarante-huit possibles suppressions de poste sur cinq cent trente-sept salariés.

A La Tribune, un plan social, prévoyant dix-sept suppressions de poste, est actuellement discuté âprement entre syndicats et direction.*mBlog-Le Monde.fr avec AFP | 24.10.2011

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La presse à l’ère numérique : comment ajouter de la valeur à l’information ?

Webmagazines, “pure players”… A l’heure du numérique, la presse écrite vit actuellement de profondes transformations structurelles et économiques. Quels sont les enjeux, y compris patrimoniaux, de cette révolution.

**La presse écrite est confrontée depuis une dizaine d’années à une crise qui l’oblige à repenser son modèle industriel et économique. Si les magazines spécialisés et les hebdomadaires d’actualité sont parvenus à préserver leur diffusion, tel n’est pas le cas de la presse quotidienne d’information générale qui subit une diminution de ses ventes et de ses recettes publicitaires.

La presse à l’ère numérique : comment ajouter de la valeur à l’information ?

La proportion de Français déclarant lire tous les jours un quotidien payant diminue ainsi régulièrement : de 43 % en 1989 à 36 % en 1997 puis à 29 % en 2008.

Les raisons de cette crise sont bien connues, mais on peine à dégager les moyens d’y remédier. Le formidable essor d’Internet a en effet créé une très grande facilité de diffusion de l’information que les internautes ont pris l’habitude de consommer de façon gratuite. Bien qu’en augmentation constante, les recettes publicitaires en ligne sont encore loin de compenser la perte de revenus provoquée par la baisse des ventes de journaux imprimés. De nombreuses formules ont été expérimentées en vue de créer un modèle économique.

Tournant le dos au modèle du “tout gratuit” envisagé à l’origine, les sites des journaux font désormais payer une partie croissante de leur contenu. Le marché des tablettes tactiles semble des plus prometteurs pour faciliter cette rémunération. Mais ce nouveau support n’a pas encore atteint le stade d’un marché de masse.

Les enjeux de la presse numérique ne sauraient toutefois se réduire à la seule dimension économique. La lecture traditionnelle du journal papier laisse place en effet à une relation beaucoup plus interactive entre l’internaute et le journaliste dont le monopole dans la fabrication de l’information semble remis en cause. Les journaux en ligne doivent donc se réinventer, innover et trouver de nouveaux atouts pour se différencier et valoriser l’information produite.*Auteurs : Sarah Sauneron, département Questions sociales et Julien Winock, service Veille et Prospective

*Centre d’analyses stratégiques–France

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lundi 5 décembre 2011

C’est le FMI qui dirige l’Europe, pas les peuples

Les médias et la crise de l’Euro : inépuisable pensée unique
Gregory Mauzé-

Sous couvert de la crise, une offensive sans précédent contre les acquis sociaux menace les citoyens partout en Europe. Pour toute réponse, la presse écrite généraliste semble opter pour un ton au minimum complaisant et fataliste. Une ligne de conduite qui soulève d’importantes questions : s’agit-il encore de « satisfaire les affligés et d’affliger les satisfaits »?
Ces dernières décennies ont été celles de la disparition progressive de la presse d’opinion, au profit d’une information plus consensuelle destinée à toucher le plus large public possible. On l’attribue souvent à la fin des idéologies, et au triomphe d’un consensus autour des valeurs de la démocratie libérale. D’aucuns s’en sont inquiétés : si la presse se veut le reflet de l’opinion, un appauvrissement de la diversité des points de vue dans les médias ne témoigne-t-il pas d’une érosion du pluralisme sur lequel se fonde notre système politique?
Cette question est d’une brûlante actualité. Et le traitement médiatique de la crise dans la zone euro en offre un exemple éloquent. La majorité des rédactions semble en effet naviguer à pleines voiles dans la direction des recommandations antisociales des instances européennes et des gouvernements nationaux, prenant objectivement fait et cause pour les acteurs économiques dominants. Ce cas de figure relèverait en temps normal d’une certaine banalité[1] s’il n’avait pas lieu à une période charnière : un seuil critique de divorce entre le peuple et ses élites pourrait en effet être franchi.
(1) Les médias nationaux francais n’étaient-ils pas unanime au sujet de la nécessité de la réforme des retraites de 2010 ou de celle du « Oui » au référendum sur le traité constitutionnel européen de 2005 ?

*source: le blog de sergeadam.net

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